Tourisme en Nouvelle-Aquitaine : « 15% des entreprises du secteur vont disparaître »

Même si la région possède de réels atouts, la saison estivale ne permettra pas d’éviter la casse. Entre 15 000 à 20 000 emplois pourraient être supprimés ou « dégradés » malgré les dispositifs mis en place.

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C’est un point de départ, et la logique est purement arithmétique. « Les pertes de revenu accumulées et perspectives sur cet été font que c’est impossible. On ne pourra pas compenser », annonce Michel Durrieu. La crise du Covid se poursuit. L’activité économique est toujours chamboulée. Les conséquences de la crise sanitaire n’épargnent aucun secteur. Pas même celui du tourisme qui représente la première économie de la région. Certains Français ne partiront pas en vacances. Et les étrangers se feront rares. Un coup dur donc pour la Nouvelle-Aquitaine qui possède tout de même certains atouts pour tirer, bon gré mal gré, son épingle du jeu. Michel Durrieu, directeur général du Comité Régional du Tourisme (CRT), nous livre son analyse de la situation.

Nouvelle-Aquitaine : « 1ere destination française, même cet été »

C’est certainement ce qui permettra à la région de pâtir peut-être un peu moins que les autres de la situation. Partant du principe que 50% des Français vont toujours en vacances au même endroit et qu’ils se baignent toujours sur la même plage, l’espoir est donc là. La Nouvelle-Aquitaine est en effet la première destination des Français. « Et ça sera le cas cet été », assure Michel Durrieu, « il ne faut pas perdre espoir ». « Le tourisme chez nous se portera bien, car les touristes nous connaissent et nous offrons ce qu’ils recherchent ».

Renforcement du tourisme à l’intérieur des terres

« Au niveau de la perception, certes vous aurez le sentiment qu’il y a du monde sur les plages, mais à la fin quand on fera les comptes ce sera compliqué », annonce le représentant du Comité Régional du Tourisme. C’est en effet l’intérieur des terres qui devrait faire office de refuge cet été. « Certaines zones intérieures affichent des taux d’occupation importants », annonce Michel Durrieu. C’est le cas de la Creuse. Le lac de Vassivière par exemple (localisé sur la carte ci-dessous), voit ses réservations à la hausse cette année. Pas de baisse observée en Lot-et-Garonne, ce qui est déjà un bon signe. En revanche, la Dordogne aura beaucoup de mal à compenser l’absence de clientèle étrangère.


Itinérance douce et prévue dernier moment

« Il y a une semaine », relate Michel Durrieu, « 25% des Français qui émettaient le souhait de partir en vacances en juillet n’avaient pas encore fait de réservation ». « Ils attendent de savoir s’il va faire beau, si la situation sanitaire reste stable, et si leur situation économique personnelle ne va pas se dégrader. Mais maintenant il faut que les touristes incertains se décident ! ».
Une tendance paraît en revanche déjà palpable, c’est leur souhait d’opter pour des vacances tournées vers l’intérieur des terres donc, liées au tourisme fluvial et à l’itinérance douce. Les chiffres en seraient déjà le reflet, « c’est en train de reprendre », confirme Michel Durrieu.
« Il y aura aussi beaucoup plus d’excursionnisme que d’habitude », note-t-il. Des excursions à la journée qui auront des conséquences sur la circulation routière à n’en pas douter selon lui.

Beaucoup (trop ?) de monde sur les routes

Des balades à la journée donc, et en voiture. « Normalement 76% des touristes roulent en voiture, cette année ils seront 86% », annonce Michel Durrieu, « imaginez au niveau empreinte carbone… » Une tendance qui va être accentuée selon lui « par la difficulté à faire redémarrer le transport aérien ». « Et le ferroviaire ne compensera pas, d’autant que les prix des billets de train sont en train d’exploser ».

La perte de la clientèle étrangère…

C’est le point noir. « Il y aura des Néerlandais, des Allemands et des Espagnols », détaille Michel Durrieu, «  mais nous allons perdre la clientèle étrangère en grande partie ». Selon le directeur général du Comité Régional du Tourisme, ils ne seront qu’un million à se rendre en Nouvelle-Aquitaine cet été, contre trois millions en temps normal. Un manque à gagner énorme. D’autant plus quand on sait que ces touristes étrangers dépensent entre 2 à 3 fois plus que les touristes français.

…et le risque que beaucoup de Français ne partent pas

Michel Durrieu se base sur les chiffres d’Eurostat : 28 % ne partent pas en vancances pendant l’année. « On considère que cet été ils pourraient être entre 20% à 30% de plus que d’habitude. Donc ramené sur un été cela pourrait atteindre 40% cet été ». D’où l’action ne nombreuses collectivités pour donner un coup de pouce à ces Français.

Des chèques-vacances offerts pour les plus défavorisés

Le directeur général du Comité Régional du Tourisme nous explique comment l’attribution de ces chèques vacances va s’organiser. « La Région a annoncé le don de chèques vacances pour les familles ayant un coefficient familial entre 600 et 900, sachant que la CAF aide les familles dont le coefficient se situe entre 0 et 600. Donc, là, on va aider la tranche au dessus ». Une initiative impulsée avec l’Agence Nationale pour les Chèques-Vacances (ANCV). « La Région Nouvelle-Aquitaine va donc apporter 3 millions d’euros », détaille Michel Durrieu. « Cinq départements ( Creuse, Haute-Vienne, Dordogne, Lot-et-Garonne, Landes) vont en tout abonder 500 000 euros supplémentaires. Ajoutés à cela 3,5 millions d’euros de l’Etat. La totalité de cette somme sera reversée aux habitants de la Nouvelle-Aquitaine, mais en fonction de la contribution de leur département ». C’est à dire qu’ils percevront entre 200 et 400 euros de chèques vacances. Les Landais seront plus proches des 400 euros, quand les Girondins se rapprocheront plus des 200 euros.
Si vous voulez profiter de ce dispositif, il vous suffit de vous rendre sur le site internet du Comité Régional du Tourisme. « Les familles dans ce coefficient vont sur notre site et reçoivent 10 jours après leur chéquier », assure Michel Durrieu.

"Cela n’empêchera pas 15% des entreprises du secteur de disparaître"

Tout est fait on l’a vu pour permettre aux Français de partir en vacances et de limiter la casse économique pour les professionnels du tourisme pour autant l’impact sur l’emploi sera fort. « On va avoir entre 15 000 à 2000 emplois supprimés ou dégradés comme un saisonnier qui va se retrouver avec un mois de travail au lieu de six en temps normal. Normalement le tourisme représente 18 milliards de revenu en Nouvelle-Aquitaine, c’est à dire 9% du PIB régional. Cette année on aura 3 milliards de revenu en moins. Ce sont 15% des entreprises ou acteurs du tourisme qui vont disparaître ».

Combien d’entreprises ont déjà mis la clef sous la porte ?

Difficile de répondre à cette question. « On sait déjà qu’il y en a qui n’ont pas ouvert », observe Michel Durrieu, "mais on n'est pas encore capable de la quantifier ». « Certains sont là mais ne savent pas pour combien de temps et se posent la question. D’autres savent qu’ils ne tiendront pas jusqu’au mois de septembre. On ne quantifiera la situation complète que fin septembre ». Le directeur général du Comité se veut néanmoins optimiste. « Le tourisme est relancé pour cet été, on va quand même recevoir 15 millions de touristes cet été (dont 10% d’étrangers). Déjà on limite l’impact par rapport pire scénario envisagé ».
 
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