Quinze ans de prison ferme ont été requis à Bordeaux contre Mohamed Benabdelhak, figure du grand banditisme connu pour une spectaculaire évasion et une tentative avortée en Belgique, pour un trafic de cannabis entre la France et le Maroc, via l'Espagne, a-t-on appris vendredi auprès de son avocat.
Le tribunal correctionnel de Bordeaux a mis son jugement en délibéré au 22 décembre.
Dix "go fast" en 2011 et 2012
Le ministère public a réclamé des peines de 6 mois de sursis à 12 ans de prison ferme pour 19 autres prévenus, principalement originaires de Creil (Oise) et jugés depuis le 27 novembre pour ce trafic de drogues organisé entre novembre 2011 et novembre 2012 via dix "go fast". Ils sont poursuivis pour un ou plusieurs de ces voyages.
Pour le plus important (1,6 tonne de cannabis saisie à Urdos, dans les Pyrénées-Atlantiques), Mohamed Benabdelhak a obtenu précédemment un non-lieu. Il est pourtant considéré dans ce procès comme "l'organisateur, le commanditaire depuis le Maroc des "go fast" avec un réseau très criminel, dangereux", a déploré un de ses avocats, Hugues Vigier.
Mohamed Benabdelhak, surnommé "bombé", est notamment poursuivi pour complicité de transport et vente de stupéfiants "en récidive" et association de malfaiteurs.
Le principal prévenu, qui ne souhaitait pas comparaître "pour raisons médicales", est finalement venu à deux reprises cette semaine au tribunal.
La défense demande le renvoi pour "impartialité du tribunal"
Ses avocats avaient demandé au premier jour d'audience le renvoi de cette affaire, remettant en question "l'impartialité du tribunal". Leur client, âgé de 38 ans, a en effet porté plainte en 2016 contre une juge d'instruction qui exerce aujourd'hui des responsabilités au tribunal correctionnel de Bordeaux, pour selon lui "un arrangement avec un témoin dans une affaire connexe".
M. Benabdelhak avait été arrêté en décembre 2008 au Maroc après s'être évadé un mois plus tôt à Beauvais, lorsqu'un commando puissamment armé avait percuté le véhicule de gendarmerie qui le transférait vers le bureau d'un juge d'instruction.
Le 13 avril 2014, un autre commando lourdement armé avait ouvert le feu en tentant, en vain, de pénétrer dans la prison de Saint-Gilles, près de Bruxelles, où le caïd attendait son extradition vers la France.
L'avocat Olivier Martins, qui fut notamment l'avocat de Brahim Abdeslam, l'un des kamikazes islamistes des attentats de Paris le 13 novembre 2015, a été inculpé en mars 2017 par la justice belge, qui le soupçonne d'avoir pris part à cette tentative d'évasion avortée.