Le secteur automobile a lourdement pâtit de la crise sanitaire. Les ventes ont chuté. Un coup dur pour les constructeurs mais également pour les sous-traîtants. Plusieurs centaines d'emplois sont en jeu en Limousin. Pas sûr que les annonces du gouvernement soient à la hauteur de leurs attentes.
Jean-Luc Marty travaille depuis 25 ans dans cette entreprise familiale de mécanique hydraulique, aujourd’hui dans l’atelier ils ne sont que six, la moitié de l’effectif habituel, du jamais vu :
Cette entreprise, c’est le grand-père de Jean-Hugues Madore qui l’a créée en 1952. Son domaine est la maintenance mécanique et hydraulique pour l’aéronautique, la fonderie, le ferroviaire, le secteur automobile. Aujourd’hui, les commandes sont à la peine.Nos clients sont Renault, PSA, Michelin, et pour l’instant il n’y a plus rien. Tout s’est arrêté. On attend de voir ce qu’il va se passer.
Ce chef d’entreprise attend une relance de la filière grâce aux annonces présidentielles notamment. Il souhaite également le maintien du chômage partiel afin que sa société survive à la crise.Aujourd’hui il n’y a plus de matériel qui entre en réparation, puisque les services sont quasiment à l’arrêt. On vit sur nos acquis, on vit sur l’ensemble des commandes que nous avions réceptionnées jusqu’à la mi-mars, mais aujourd’hui ça devient un peu plus compliqué. Explique Jean-Hugues Madore.
A l’avenir l’entreprise espère aussi développer son savoir-faire sur toute la région Nouvelle-Aquitaine afin d’être moins dépendante des commandes incertaines émanant des grands groupes automobiles.Nous avons des emplois hautement techniques. C’est long de former les gens, c’est compliqué d’en trouver, donc on quand on les a on souhaite les garder. Surtout dans une PME familiale comme la nôtre.
Du côté de LSI à la Souterraine l'inquiétude est à son comble
LSI, ex GM&S emploie habituellement 116 salariés (ils étaient 277 du temps de GM&S). Tout s'est arrêté le 16 mars. Les salariés ont commencé à revenir il y a seulement trois semaines. Petit à petit. Aujourd'hui une quarantaine de personnes travaille à temps partiel dans l'entreprise. Yann Augras délégué CGT de l'usine LSI de La Souterraine ne croit pas un instant que les mesures annoncées hier par Emmanuel Macron soient à même de relancer le secteur.
La prime à la conversion, le bonus écologique, tout miser sur l'électrique, pour Yann Augras il ne s'agit que de "poudre aux yeux" et ce n'est certainement pas la solution.Ce qu'il fallait c'est que le gouvernement annonce qu'il ne laisserait pas délocaliser à l'étranger la construction des moteurs traditionnels. Aujourd'hui la nouvelle Clio est fabriquée en Turquie et son prix de vente est plus élevé que lorsqu'elle était fabirquée en France. Les modèles Renault fabriqués à l'étranger sont entre 600 et 1400 euros plus chers que lorsqu'ils sortaient des usines françaises.
Les constructeurs se donnent bonne conscience et cherchent à séduire une partie de la population en disant tout miser sur l'électrique. Sauf qu'aujourd'hui les modèles électriques sont totalement inabordables. D'autre par leur construction dépend de matériaux, comme le fer, détenus en grande partie par la Chine. Et l'électrique pose aussi le problème du recyclage des batteries. D'autres constructeurs somme Toyota misent eux sur l'hydrogène. Relancer la fabrication de la Zoé à l'usine de Flins en Ile-de-France, je n'y crois pas un instant. Et si Flins se casse la figure, nous tomberons aussi.
Le gouvernement a choisi de donner 5 milliards à Renault, très bien, à condition que ce ne soit pas pour l'aider à financer des plans sociaux en France. Renault n'a pas tenu les engagements qu'il avait signé en notre faveur devant Bruno Lemaire. Le constructeur nous avait promis des commandes à hauteur de 10 millions par an pendant 5 ans. Depuis 3 ans ils en sont déjà à 15 millions de retard.