Un an après les municipales : "Cette crise sanitaire est une épine dans le pied" raconte une élue d’une commune rurale

Ils et elles ont été nombreux à avoir été élu.es ou réélu.es en mars 2020. Un an plus tard, à quoi ressemble le quotidien d’un maire dans les communes rurales de la région ? Beaucoup doivent cumuler des heures pour répondre au mieux aux administrés. 

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A Saint-Priest-Taurion en Haute-Vienne, Claudette Rossander, connaît bien sa commune pour avoir été dans le conseil municipal durant "plusieurs mandatures" sourit-elle, mais elle se déclare comme une "maire Covid", ce sont ses termes, car elle a été élue maire, juste avant que la crise sanitaire ne déflagre.

"Je ne pense pas qu’il y ait une grande différence entre avant et maintenant, mais il faut admettre que cette pandémie c’est une épine dans le pied", raconte l’élue de la petite commune de 2900 habitants.

A peine élue et déjà plongée dans la gestion de crise

"Ce qui est frustrant, regrette la maire de Saint-Priest, c’est qu’on n’a pas vraiment eu la chance de rencontrer les gens, en dehors des entretiens individuels. Il n’y a plus de cérémonie des vœux ; pas de dépôt de gerbe au monument aux morts. Il y a un côté très triste". 

Surtout, raconte-t-elle, "je suis également une élue communautaire, et ce qui me peine au quotidien, c’est qu’il y a de nouveaux élus que nous ne connaissons pas et sur qui on ne peut pas mettre de visage, puisque tout le monde est masqué. Les effets de la distance sociale  affectent beaucoup les relations humaines. On n’a plus cette légèreté des rencontres d’avant. Et cela me pèse beaucoup "

De ses administrés, l’élue reçoit beaucoup d’interrogations sur comment se faire vacciner, et puis ajoute-t-elle agacée "il y a les difficultés du quotidien avec les écoles, notamment pour le ménage, l’hygiénisme permanent qui est assez contraignant. On sent la lassitude des gens. Cette vie, cette distance qui s’installe même dans la vie démocratique est un vrai défi pour nous élus".

Claudette Rossander souligne néanmoins que sa commune compte "beaucoup de personnes âgées, mais la solidarité s’est bien mise en place. Ce qui ne veut pas dire que la solitude n’est pas ressentie par les personnes. Le CCAS de la mairie fonctionne plutôt bien", se rassure-t-elle.

En Corrèze, dans la petite commune de Larche, faire ses premiers pas à la tête d’une commune en pleine pandémie est un véritable temps plein.

Les appels s’enchaînent ce jour-là dans le bureau de Monsieur le Maire, l’agenda se remplit et les rendez-vous se succèdent.

"On essaie de fixer des rendez-vous les uns derrière les autres pour se libérer au moins une journée par semaine. C’est quelque chose de vraiment prenant, parce que les dossiers avancent moins vite", regrette Bernard Laroche, Maire de Larche.

Sur la table le budget prévisionnel des dépenses liées au Coronavirus. Près de 7000 euros, imprévus, la somme ne cesse d’augmenter ces derniers mois. 

"Il y a les travaux que nous devions faire faire par des entreprises, et que nous avons dû réaliser nous-mêmes avec nos agents pour économiser justement ces sommes-là et pour équilibrer un budget convenable pour l’année 2020. On est en train de faire le prévisionnel pour ces six mois de coût supplémentaire".

Plus de quarante heures passées par semaine dans ce bureau en plus de son activité d’arboriculteur. Bernard Laroche fait partie de ces nouveaux maires, élus en plein confinement qui doivent innover pour maintenir le lien avec leurs administrés.

Une application pour garder le contact

A Chamboulive, en Corrèze, c’est une application qui a vu le jour en juin dernier. 

Selon Betty Dessine, madame Le Maire de Chamboulive, "sur l’application, vous allez avoir toutes les communications sur les manifestations qu'il peut y avoir sur la commune, mais aussi toutes les informations qui concernent cette période Covid."

L’élue poursuit "avec les moyens de communication habituelle qui existent, à savoir le journal ou le site internet ou le bulletin communal, il a fallu qu’on trouve des outils avec lesquels on pouvait garder un lien permanent avec les habitants et c’est pour cela qu’on s’est orientés vers une application intramuros ".

Téléchargé plus de 200 fois par les habitants de cette commune de 1 600 habitants, la démarche a encore du mal à s’installer. Un habitant rencontré ce jour-là raconte que "c’est une bonne initiative puisqu’on est souvent en panne d’informations dans les petits villages comme ça. Si on ne va pas à la boulangerie tous les jours, on n'est pas au courant ".

A Bort-les-Orgues, c’est le maire qui vient directement faire le porte à porte pour maintenir le lien avec les administrés. 

Dans certaines communes rurales de la région, le nombre de personnes isolées peut atteindre jusqu’à 40% de la population et avec le coronavirus maintenir le lien demande au maire de redoubler d’efforts afin de garder le contact avec leurs administrés. 

A Aixe-sur vienne, 5900 habitants, quand René Arnaud a été reconduit pour un second mandat, il n’avait pas imaginé devoir faire face à une pandémie. "Ça m’arrive d’être encore à la mairie après 18h pour finir des dossiers urgents mais j’essaie de respecter le couvre-feu", admet le premier magistrat.

"Là, récemment, poursuit-il, le gros travail c’est la mise en place d’un stand de vaccination à la maison de santé du Val de vienne, ça s’est bien passé, même s’il y a toujours des ajustements à faire. Ça prend beaucoup de temps pour caler l’ouverture des établissements publics. Je passe beaucoup de temps avec les directeurs d’écoles pour m’assurer que tout fonctionne". Le maire est en contact permanent avec les associations qui le sollicitent. 

Aixe-sur-Vienne, comme beaucoup de communes rurales, compte aussi une population âgée, "là aussi rassure le maire, il y a un gros travail avec le CCAS pour garder le contact avec les aînés".

Projets

En attendant, René Arnaud ne veut pas se laisser abattre par la crise sanitaire. 

"On construit un budget prévisionnel pour 2021 de 4,5 millions d’euros d’investissements. On prépare la construction d’une halle marchande pour favoriser les circuits courts ; La halle est en cours de construction sur la place principale du village (prévue pour l’été) et le coût des travaux devront s’élever à 540 000 euros".

La municipalité prévoit également l’extension du tiers lieu dédié au numérique "qui devrait se situer derrière la mairie, dans une extension que l’on est en train de construire. Et qui sera ouvert à tous avec des ateliers, ou encore pour des recherches sur internet. L’investissement est estimé à 750 000 euros", détaille l’élu.

Il y a également de gros projets de voirie, "estimés à 880 000 euros, un budget conséquent".

René Arnaud qui en est à son second mandat, regrette néanmoins qu’avec la crise "on a du mal à se rencontrer régulièrement avec ses collègues élus. Avec cette pandémie, on manque de perspectives, et surtout on a des ressources en moins", se désole-t-il. 

Pourtant, "à la fin de mon premier mandat, rappelle l’élu, on avait la chance d’avoir une situation budgétaire saine. Il a suffi d’une crise pour tout remettre plat. Cela dit, tempère-t-il, "la chance d’avoir été réélu c’est de pouvoir voir l’aboutissement de nos projets engagés durant le premier mandat. En général les deux premières années servent à trouver les financements et les deux années suivantes à engager les travaux, et le second mandat permet de finir ou d’inaugurer". 

Craintes d’un reconfinement ?

"Bien sûr qu’on redoute un troisième confinement, mais, rappelle René Arnaud, nous sommes en zone rurale, c’est peut-être moins difficile à vivre que dans une grande ville. Après on se demande comment l’économie pourra repartir s’il y avait à nouveau un blocage du pays."

Le maire d’Aixe-sur-Vienne, confie qu’il n’a pas l’intention de se représenter dans cinq ans. Pour lui "les deux mandats sont assez pour construire des projets et les voir se réaliser". En attendant de pouvoir y parvenir, la crise sanitaire aura mis les projets des communes rurales à rude épreuve.  

 

 

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