Alors que les territoires subissent de plein fouet la sécheresse, la chambre d’agriculture de la Corrèze organisait une opération en faveur des retenues d’eau, dont le gouvernement veut autoriser l’expansion. Mesure contestée par les associations de protection de la nature.
Savez-vous ce qu’est une retenue collinaire ?
C’est un ouvrage de stockage d'eau, remplie par les eaux de surface ou de ruissellement, considérée réglementairement comme un barrage.
Concrètement, elle permet, via une digue en en terre ou maçonnée, de retenir l’eau dans un talweg, une combe, un ravin ou un vallon, tout en stockant une part des écoulements d'eaux.
Ces eaux sont ensuite utilisées pour l’irrigation agricole, les prélèvements des industries, la protection incendie, la production de neige de culture, les loisirs, la pisciculture ou l’eau potable. Il en existe de nombreuses en Limousin, dont près de 500 en Corrèze.
Or, face à la sécheresse persistante, et spécifiquement pour l’agriculture, le gouvernement vient d’annoncer la possibilité de création de plus d’une soixantaine de ces retenues, afin de favoriser l’irrigation, d’ici à 2022.
La chambre d'agriculture de Corrèze par exemple, via son président, Tony Cornelissen, est extrêmement favorable à cette mesure.
Si, à côté de son élevage, la Corrèze n'a plus ses productions végétales amenées à terme avec de l'eau, et une garantie d'irrigation, nous n'aurons plus d'agriculture. Et on laissera d'autres pays, d'autres continents, nous envoyer leurs produits. Des produits qui ne sont pas faits avec les mêmes normes environnementales et souvent de moindre qualité.
Mais la Confédération Paysanne, ou de nombreuses associations de protection de l’environnement estiment au contraire que ces retenues sont néfastes, empêchant le stockage naturel dans les cours d’eau et les nappes phréatiques.
Autre problème : ne servant qu’aux seuls agriculteurs, ces retenues sont financées par de l'argent public, alors qu’elles ne servent principalement que les agriculteurs.
Il n’est pas normal que les agriculteurs s’arrogent le droit de s’attribuer une ressource commune, uniquement pour des besoins peu énormes, à peine 6% de la surface agricole utile », selon Antoine Gatet, juriste de l’association "Sources et rivières du Limousin.
Le gouvernement prévoit d'ailleurs de signer des contrats de territoire pour que les autres usagers de l'eau puissent aussi en bénéficier. Mais la Corrèze n’est toujours pas signataire de ce contrat.