Alors qu'une étude révèle que la moitié des personnes sans-abri dorment dans la rue cet été, nous avons recueilli le témoignage de Jean-Paul et de Mustapha qui font régulièrement appel au service d'hébergement d'urgence de Poitiers.
Sur les 20 845 personnes qui ont sollicité un abri en France entre le 10 juin et le 10 juillet, 10 632 "n’ont jamais été hébergées, soit […] une hausse de 10 %". C'est le constat alarmant que révèlait hier le baromètre du 115 qui analyse les demandes et réponses concernant l’hébergement d’urgence dans 41 départements.À Poitiers, la situation est également tendue durant l'été. Les places d'hébergement mises à disposition ne suffisent pas (voir notre encadré ci-dessous). Conséquence : certains sont obligés de dormir dehors, juste en face du centre d'hébergement d'urgence quand celui-ci affiche complet.
Rencontré au printemps dernier, Jean-Paul nous expliquait que "c'est deux nuits dehors, une nuit dedans" et que ce sont "des conditions de vie dures" même si, maigre consolation, en ce début du mois d'août, la régle s'est assouplie. En ce moment, c'est une nuit dehors, une nuit dedans.
À Poitiers depuis un an, Mustapha appelle donc le 115 tous les matins "pour avoir une place". Et "si il n'y a pas de place, je me débrouille dans la rue."
Reportage d'A. Morel, F. Bombard et C. Pougeas.
Le point sur l'hébergement d'urgence
Selon la préfecure de la Vienne, voici le dispositif d'hébergement d'urgence dans le département :- une capacité de 63 places, dont 28 en collectif qui sont sous statut CHRS (centre d’Hébergement et de Réinsertion sociale), (majoritairement sur Poitiers),
- une capacité de 19 places financées en subvention, 15 à Poitiers, 2 à Châtellerault, 2 à Montmorillon.
- une capacité additionnelle annoncée de 19 places dans le cadre du plan de pérennisation des capacités hivernales,
- des places d'hôtels destinés prioritairement aux femmes victimes de violences et à des familles. Ce nombre est en diminution dans le cadre du plan national de réduction des nuitées hôtelières.