Les manifestations d'agriculteurs ont parfois conduit à des dégradations. Certains gestionnaires routiers demanderont des compensations financières dans le futur, visant directement le porte-monnaie des contribuables. Si certains blocages sont toujours en cours, le coût des réparations et du nettoyage reste encore indéterminé.
Routes départementales ou nationales dégradées par des camions tombés dans le fossé, épandage de lisier sur la façade d'une préfecture, rayons de supermarchés renversés ou encore dégradations liées aux jours de blocages sur les routes et autoroutes, quel coût cela va-t-il avoir ? Et surtout, qui va payer ?
Pour l'instant, aucune donnée chiffrée n'est disponible pour évaluer le coût des manifestations des agriculteurs en matière de dégradations.
" Pas de commentaire à ce stade concernant le montant des dégâts "
"Le coût immédiat des interventions est pris en charge par les gestionnaires de réseaux routiers (département, communes, État (DIRA, DIRCO), Vinci (autoroute) pour ce qui concerne la Vienne, explique la préfecture à Poitiers. Lorsque la crise sera passée, il est probable que les gestionnaires routiers prennent l'attache de l'État pour demander des compensations."
La préfecture de la Vienne note que "les actions de nettoyage se concentrent prioritairement au rétablissement de la circulation de façon sécuritaire (déblayage, soufflage des routes, remise en place de la signalisation qui aurait pu être enlevée)" et que "ces actions sont diligentées dès que les axes routiers sont libérés par les manifestants. (...) Les différents gestionnaires routiers disposent en général du matériel pour réaliser les opérations de remise en état (nettoyage, déblayage, soufflage)."
De son côté, Vinci autoroutes, qui gère notamment l'A10, ne dit rien de ses intentions. "Nous ne ferons pas de commentaire à ce stade concernant le montant des dégâts, surtout en plein cœur d'une crise", nous a indiqué le gestionnaire autoroutier dans un communiqué.
Des avis divergents
Les images d'épandage de lisier sur la façade de la préfecture à Poitiers ou celles de chaussées enfoncées après qu'un poids lourd a fini sa course dans un fossé en tentant de trouver un itinéraire bis ont marqué les esprits. Pour le député Démocrate de la Vienne, Nicolas Turquois, "les Français ne soutiennent pas les dégradations, moi non plus".
Pour lui, "les agriculteurs ne peuvent pas être tenus responsables si un camion emprunte une route pas adaptée à son poids".
De son côté, un autre député de la Vienne explique en off que "l'État doit prendre sa part, mais pour les plus gros dégâts, la justice pourrait être le bon médiateur pour savoir qui doit payer".
Ils font des dégâts, ils assument. Donc l'argent est à prendre sur les subventions que l'on va leur donner.
Habitant de Poitiers
Comme pour les élus locaux, cette question divise les habitants poitevins. Un jeune étudiant "soutient complètement les agriculteurs dans leur manifestation, mais cela reste dérangeant de devoir payer ces dégâts". Un autre habitant est, quant à lui, prêt à mettre la main au portefeuille. "Je ne suis pas contre que l'État ou que nous payons ce nettoyage".
Malgré les annonces faites par le Premier ministre Gabriel Attal vendredi dernier, la colère du monde agricole est loin d'être retombée. Des blocages sont toujours en cours, notamment autour de l'A10 entre Saint-Maixent-l'École (Deux-Sèvres) et Poitiers (Vienne). Plusieurs tronçons de la N10 sont également impossibles d'accès.
⚠️Lundi 29 janvier : Manifestations des agriculteurs et des taxis
— Préfet de la Vienne (@Prefet86) January 28, 2024
En #Vienne86 :
✅Circulation revenue à la normale sur la N147
❌Coupures et déviations de l'A10 et la N10 toujours d'actualité
A #Poitiers :
🚖#Manifestation des taxis de 10h à 14h
📍Départ du parc des… pic.twitter.com/CpMk73P1AR
Reportage de Baptiste Garguy-Chartier, Luc Barré et Alain Bortot (le 28/01/24) :