En ce début septembre, le gouvernement vient de lancer ce débat citoyen. Il est mené conjointement par les ministère de la santé et de l'agriculture. Vous pouvez vous exprimer pendant 3 semaines. Nous avons recueilli quelques réactions dans le Nord Vienne.
Au Nord de Poitiers, les plaines céréalières dominent le paysage. D'immenses étendues de blé, de maïs, de tournesol, de colza ou d'orge selon les saisons.
Céréalier près de Loudun, Florent Boulin tente de s'adapter aux changements à venir. En ce moment, il se prépare à l'arrêt du glyphosate. Au lieu de traiter avec ce produit, il travaille le sol. Là où l'épandage lui prend deux heures et ne nécessite qu'un passage du tracteur, labourer lui prend la journée.
Quelles précautions ?
Dans l'une de ses parcelles, une maison enclavée. Sa machine passe au ras de la propriété. Avant tout épandage, il se dit avant-tout vigilant aux conditions météorologiques. Y a-t-il du vent ? De la pluie est-elle annoncée ? Ces dernières années, il a déjà revu à la baisse la quantité de produits et estime que leur novicité a été amoidrie. L'éventuelle zone non-traitée préconisée aujourd'hui, c'est pour lui une contrainte de plus.
De nombreuses parcelles cohabitent ainsi avec des propriétés privées. Un nombre grandissant d'ailleurs au gré des disparitions d'exploitations agricoles et du développement des lotissements.Je ne pense pas que respirer une fois par an un produit chimique (qui est à l'extérieur) peut rendre malade. La bombe à mouche dans une cuisine est beaucoup plus nocive qu'un fongicide au long d'une habitation
Pour l'instant, le gouvernement préconise un minimum de 5 mètres de distance pour les cultures basses et 10 mètres pour les cultures hautes (type vergers).
La loi prévoit seulement pour l'instant une zone non-traitée de minimum 5 mètres à proximité des cours d'eau cartographiés et une interdiction d'épandage quand le vent dépasse 20 kilomètres / heure.
Suivant la distance de sécurité établie, les agriculteurs vont devoir renoncer à des surfaces cultivées plus ou moins importantes. Pour la parcelle de Florent Boulin, le manque à gagner sera notable dès 5 mètres. Et ce champ serait inexploitable, non rentable, si la distance retenue atteignait les 150 mètres.
Et vous qu'en pensez-vous ?
Sur son site, le Ministère de l'agriculture invite chacun à donner son avis sur le sujet. Pour cela, vous pouvez suivre ce lien, et en bas de page, cliquez sur l'onglet vert "déposez votre commentaire".
En Poitou-Charentes, depuis de nombreuses années, existe le label Terre saine. L'ancienne région avait encouragé les communes à adopter des pratiques non chimiques pour leurs propres espaces verts.
Dans le Nord Vienne toujours, le village de Chouppes satisfait à l'ensemble des critères. Aucun produit phytosanitaire n'est utilisé par la commune pour l'entretien des trottoirs, du cimetière, des aires de jeux pour enfants. Néanmois, installée au coeur du monde agricole, Mireille Genoud, l'adjointe en charge de ce dossier Terre saine, est très dubitative quand à l'application d'une telle zone tampon autour des parcelles traitées et s'interroge sur la logique de ces restrictions.
Pour les écologistes aussi, la notion de distance ne semble pas prioritaire. Générations Futures est l'association qui a lancé le mouvement anti-pesticides des coquelicots. Son responsable en Nouvelle Aquitaine, Cyril Giraud, est à la fois soulagé de voir le gouvernement s'emparer de la question et dubitatif sur la manière.Si c'est dangereux pour vous, alors c'est dangereux pour le petit lièvre qui passe, c'est dangereux pour tout le monde. Si le monde scientifique estime que c'est dangeureux, il le retire à tout le monde. Mais pas à 100 mètres, 50 mètres, ça ne veut rien dire ça
Selon lui, les 5 à 10 mètres "de sécurité" préconisés sont ridiculement insuffisants. Même commentaire de l'ancienne ministre de l'Environnement, et ex-présidente de Poitou-Charentes, Ségolène Royal :Ce texte ne prend pas en compte le classement des produits, produits plus toxiques que d'autres
arrêtés qui distinguent les produits
C'est une plaisanterie, il manque un 0 ! La distance indiquée aux préfets était de 50 à 150 mètres. L'inertie l'a emporté
Vous avez jusqu'au 29 septembre pour donner votre point de vue sur ce sujet. Le décret du gouvernement sera publié le 1er janvier 2020.