Dans son salon de coiffure, Patrick Bouchet-Sauvage a accompagné, formé une dizaine d’apprentis. Nous l'avons interrogé sur ses motivations et sur son investissement comme maître d'apprentissage. Tous apprentis, une opération des réseaux France 3 - France Bleu ce lundi 28 mai.
Lui poser la question semble presque incongru : pourquoi avoir voulu accompagner des apprentis coiffeurs ? La réponse tient pour lui de l’évidence : "Former des jeunes, ce ne peut être que nous qui le faisons". Nous, les artisans coiffeurs. Lui-même est issu de ce parcours. En fin de 3e, il intègre un cursus d’apprentissage en coiffure. Le début du salariat, d’un enseignement en deux temps, entre théorie et pratique. Son maître d’apprentissage ne semble pas y être pour rien dans son envie et de coiffer et de transmettre : "elle est géniale, très investie dans son métier".
Il fait ensuite le choix de passer un brevet technique, synonyme de cours tous les lundis, en parallèle des heures passées au salon. Salarié pendant plusieurs années, puis gérant technique d’un salon, il finit par ouvrir son enseigne et devenir son propre patron.
Une dizaine d'apprentis déjà formée
Aujourd’hui, son salon est installé dans le quartier Beaulieu de Poitiers. Il y accueille actuellement deux apprentis. Claire Dorat est en brevet de maîtrise et James Hoarau en 1ère année de CAP. Voici des têtes coiffées par leurs soins.Quand on lui demande quelles sont pour lui les qualités indispensables d’un maître d’apprentissage, il répond : être à l’écoute et vouloir former les jeunes. "Être à l’écoute et les observer car les apprentis d’hier et d’aujourd’hui n’ont pas les mêmes attentes. Ils ont désormais pleins de sources d’informations, des tutoriels sur YouTube, Facebook... Il faut pouvoir leur apporter plus, mieux".
Réhabiliter l'apprentissage
Il s’attache à transmettre certaines valeurs à ses apprentis : "l’accueil, la créativité et savoir se faire plaisir en faisant plaisir à la cliente". Il faut une patiente répétition du geste pour devenir coiffeur, mais le cursus passe aussi par de la gestion, de la comptabilité, des programmes de chimie "très lourds" précise le coiffeur. Par conviction, il aimerait que change l'image ternie de l'apprentissage et que changent les mentalités, celles de certains parents, de l'Education nationale aussi parfois, quand l'apprentissage n'est vu que comme une voie de garage.Pour Patrick Bouchet-Sauvage, "le fait de voir un jeune avancer dans un apprentissage, c’est quelque chose de très enrichissant. Quand vous partez de quelqu’un qui sort de n’importe quel niveau d’études, et que vous le voyez s’épanouir dans le métier, c’est ce qu’il y a de plus enrichissant et c’est aussi égoïstement le plaisir de faire plaisir".
L’engagement de Patrick Bouchet-Sauvage ne s’arrête pas à son salon : il est conseiller d’enseignement technologique dans la Vienne et vice-président de l’UNEC 86 (Union Nationale des Entreprises de Coiffure pour la Vienne).