Monseigneur Pascal Wintzer, archevêque de Poitiers, se prononce sur l'autorisation de la bénédiction religieuse des couples "irréguliers" aux yeux de l'Église, qui fait largement débat à travers le monde. Il est l'invité de France 3 Poitou-Charentes.
Le 18 décembre dernier, le Vatican annonçait dans une publication le droit à la bénédiction pour les couples "irréguliers" et homosexuels. Une décision adoubée par beaucoup, mais aussi vivement contestée dans de nombreux pays. Monseigneur Pascal Wintzer, archevêque de Poitiers, a répondu à trois questions de notre journaliste, Liane Courté, sur le sujet dans l'édition du 19/20 Poitou-Charentes du vendredi 5 janvier.
Les avis sont très partagés sur ce texte du Vatican, pourquoi divise-t-il autant ?
On a l’impression que ce texte remet en cause un certain nombre de choses enseignées par l'Église catholique. Je crois que c'est un texte qui pose des distinctions. Il montre que certes, le mariage et le sacrement de mariage pour nous catholiques est l'union d’un homme et d’une femme dans la fidélité, mais nous avons d'autres situations humaines, des remariages après un divorce et des relations homosexuelles. Ces vies, est-ce qu'elles ne comptent pas ? Est-ce que Dieu serait absent de ces choix qui concernent un bon nombre de personnes dans nos pays ?
Est-ce une nouvelle étape quant au regard que porte l’Église sur les personnes homosexuelles ?
Je crois que c’est quelque chose qui s'inscrit dans une optique plus générale. Dans nos pays, l’homosexualité a longtemps été vue comme une maladie, une déviance qu’il fallait sanctionner. C’est dans les années 80 que les choses ont changé dans la loi française. Dans bien des pays aujourd’hui, l’homosexualité est criminalisée. Et je crois que le texte du pape est une manière de rappeler que criminaliser des comportements humains ne respecte pas la dignité des personnes. C’est un texte qui a aussi une valeur politique, un message adressé à des pays où des gens se trouvent persécutés, voire risquent leur vie du fait de leur orientation sexuelle.
Cela ouvre-t-il vers le mariage entre personnes homosexuelles au sein de l'église ?
Non, car le texte pose des différences. Nous tenons à ce que le mariage soit une union d’un homme et d’une femme dans la fidélité. Mais il existe d’autres types de famille, d’autres types d’union. Pour autant, ces unions reposent sur l'humanité. On se découvre homosexuel, ce n’est pas une maladie héréditaire. Pourquoi les personnes qui s’aiment seraient-elles privées d’une vie d'amour et de la bénédiction de Dieu ?
Le sujet anime les communautés à travers le pays. Autre réaction vendredi 5 janvier, les autorités catholiques de l'Ouest demandent de bénir les homosexuels"individuellement" mais pas en tant que couple, dans un document "d’explicitation et de conseils", consulté vendredi 5 janvier par France Bleu Armorique. Il a été adressé aux prêtres et diacres des diocèses de Quimper, Rennes, Saint-Brieuc, Vannes, Angers, Laval, Le Mans, Luçon, Nantes.