La saison des amours a débuté pour les grenouilles, crapauds, tritons et autres amphibiens, et l'heure de la reproduction peut les rendre particulièrement vulnérables. A Poitiers, l'association Vienne nature organise des sorties nocturnes pour répertorier l'habitat de ces petites bêtes, et sensibilise le grand public à leur protection.
A l'approche des beaux jours, la faune sauvage sort de son sommeil hivernal et reconquiert son territoire avec une chose en tête : se reproduire. Et pour cela, certains animaux comme les amphibiens doivent parfois voyager un peu. "Tous les amphibiens vont dans les mares de février à mai," explique Lucie Texier, chargée d’études naturalistes pour Vienne Nature, "puis ils quittent les zones de reproduction pour rejoindre les zones terrestres, comme les bois, les haies..."
Le séjour des amphibiens dans les mares et points d’eau est le moment idéal pour les recenser. Il n’est pas possible de les compter précisément, mais il reste intéressant de constater la présence d’une espèce dans un espace donné à long terme, d’une année à l’autre.
Des sorties utiles, et pédagogiques
Vienne Nature organise toutes les deux semaines une sortie nocturne avec ses adhérents pour effectuer ce comptage. Les participants, bénévoles, sont une quinzaine chaque soir, et la plupart d’entre eux sont étudiants en biologie. L’idée pour l’association est de former ce public engagé à la prospection des amphibiens.
Pour le grand public, certaines activités sont également organisées, comme Fréquence Grenouille, une excursion nocturne à Montreuil Bonin, pour découvrir le petit monde des grenouilles, crapauds et autres tritons.
L’association reçoit parfois des appels ou des photos de citoyens, soucieux d’identifier une petite créature trouvée dans le jardin ou au détour d’une balade, mais elle fait parfois appel à eux également. Si elle tient déjà un bon répertoire des points d'eau du département, elle prévoit de lancer un appel au grand public pour cartographier l'ensemble des mares du Poitou-Charentes, afin d'affiner sa connaissance du terrain et d'avoir des données plus fiables sur les foyers d'amphibiens, mais aussi de libellules.
Des initiatives pour protéger les amphibiens
Le grand public est parfois mis à contribution malgré lui, lorsqu’il trouve sur sa route un amphibien au bord d’une route, parfois trop tard… Vienne Nature ainsi que d’autres associations protectrices de la biodiversité étudient ce qu’elles appellent les « trames noires » : des itinéraires pris par les animaux pour se déplacer, qui croisent le chemin des voitures. Certaines initiatives sont prises pour limiter la mortalité des amphibiens, comme des crapauducs, des passages souterrains, ou des barrières improvisées pour empêcher une traversée fatale. Ce sont des crapaudromes, comme le racontent Julie Chapman et Calypso Vanier dans notre reportage ci-dessous.
Aujourd’hui, les différentes espèces d'amphibiens sont protégées mais elles subissent de nombreuses menaces, venues de prédateurs comme les serpents ou certains mammifères, mais aussi de l’aménagement humain : le comblement des mares et la destruction des haies rendent plus rares leurs zones de reproduction comme leur habitat.
"Tous les amphibiens sont en danger, leur population est en déclin" alerte Julie Texier, "les populations sont de plus en plus isolées, par exemple la création d'une route va empêcher les échanges et s'il y a une maladie, la population disparaît".