CARTE. "Des vies de sacrifice pour nourrir le peuple, et nous, on crève" : les agriculteurs ont montré leur colère

Les agriculteurs se mobilisent depuis ce mardi 23 janvier 2024 au matin et le mouvement ne devrait pas faiblir dans les prochains jours. Les agriculteurs en colère veulent interpeller la population sur leurs conditions de travail et faire prendre conscience de leur travail quotidien. Des actions coup-de-poing ont été organisées et d'autres sont programmées ce mercredi.

Les agriculteurs sont en colère et ils l'ont fait savoir dès ce mardi 23 janvier 2024, avec plusieurs modes d'action.

De la paille devant la préfecture de Poitiers

Les agriculteurs s'étaient donnés rendez-vous, avec leurs tracteurs, ce mardi 23 janvier 2024 sur un rond-point au sud de Poitiers, pour ensuite converger vers la préfecture de la Vienne. 150 tracteurs étaient rassemblés devant le bâtiment. Le préfet est allé à la rencontre des 200 agriculteurs. "L'important pour nous, c'est de maintenir un dialogue", indique Jean-Marie Girier, préfet de la Vienne. "Selon les consignes du ministre de l'Intérieur, on n'envoie pas des policiers et des gendarmes sur des personnes qui expriment une détresse. Les agriculteurs ont déposé de la paille de manière symbolique. Le dialogue se passe de manière constructive."

D'après les services de l'État, la circulation devrait être encore compliquée ce mardi soir à Poitiers. 

Opérations-escargots et bouchons

Au fil de la journée, le trafic a été perturbé dans toute l'ex-région Poitou-Charentes. Le détail des barrages filtrants est à retrouver dans la carte ci-dessous.

En Charente, la RN10 a été bloquée dans l'après-midi. À partir de 15h, une opération-escargot a ralenti très fortement la circulation autour d'Angoulême. Selon Jean-Bernard Sallat, président de la FDSEA 16, "tous les tracteurs du département, soit environ 200 véhicules, étaient présents. Le but, ce n'est pas de rouler pour rouler, mais bien d'accompagner le mouvement national."

 

À Niort, dans les Deux-Sèvres, la mobilisation a commencé à 14h, avec des rendez-vous donnés sur différents ronds-points dans l'agglomération.

Des normes trop nombreuses

Les agriculteurs poitevins partagent les mêmes problématiques qu'au niveau national, par exemple au sujet de normes qui seraient trop lourdes à appliquer. "Le prix des céréales qui ne couvrent plus les coûts de production, les prix ne s’appliquent pas malgré la loi EGALIM", rappelle Jean-Bernard Sallat, président de la FDSEA 16. "On demande aussi l'application de la clause miroir : quand on importe des produits de pays étrangers qui ne respectent pas les mêmes normes que nous, c’est comme avoir des boulets aux pieds."

Un avis partagé par Rachel Lavaud, exploitante en GAEC avec son mari. Pour l'agricultrice, la profession est "à l'agonie. On s'est pris toutes les augmentations, le matériel, l'énergie, l'alimentation. Ce sont des vies de sacrifice pour nourrir le peuple, et nous, on en crève."

La problématique de l'eau au cœur des revendications

Mais d'autres revendications ont particulièrement concerné la gestion de l'eau, un sujet abordé pendant la rencontre entre les agriculteurs et le préfet de la Vienne. Mais la discussion n'a visiblement pas suffi. Les agriculteurs ont en effet quitté la préfecture pour se rendre devant la permanence de la députée écologiste Lisa Bellucco.

"On lui a fait une petite réserve de substitution pour qu'elle ait sa réserve personnelle. On veut lui dire que de l'eau, il y en a tout le temps eu, il y en aura tout le temps", affirme Nicolas Giraud, président de l'association des irrigants de la Vienne. "On est garant du territoire, on ne gaspille pas l'eau, au contraire. On la prend pour nourrir les Français et on y fait très attention."

Le mouvement devrait se poursuivre

Plusieurs agriculteurs rencontrés aujourd'hui se disent prêts à continuer leur mouvement. En Charente-Maritime, la mobilisation débutera demain, mercredi 24 janvier, selon un communiqué des Jeunes agriculteurs. Rendez-vous est donné au rond-point de la MSA de Saintes.

Plusieurs fermetures d'axes routiers sont à prévoir : 

  •  L'autoroute A10 sera fermée à partir de 6h dans le sens nord-sud, à hauteur de l'échangeur 34 (Saint-Jean-d'Angély) et dans le sens sud-nord, à hauteur de l'échangeur 35 (Saintes). Fermeture également à partir de 17h dans le sens nord-sud, à hauteur de l'échangeur 34 (Saint-Jean-d'Angély) et dans le sens sud-nord à hauteur de l'échangeur 36 (Pons).
  • L'autoroute A837 sera fermée à partir de 6h dans les deux sens de circulation à hauteur de l'échangeur de Tonnay-Charente.

Les automobilistes seront déviés par la RD137.

Dans les Deux-Sèvres, les services de l'Etat prévoient de nouvelles perturbations. 

Rendez-vous est déjà donné le jeudi 25 janvier 2024.

La Coordination rurale prévoit elle de lancer de nouvelles actions ce jeudi 25 janvier 2024, dès 10h.

Des agriculteurs "écœurés"

Certains agriculteurs se mobilisent pour la première fois aujourd'hui. À l'image de cet exploitant agricole dont l'activité principale est la culture de melons : "Je ne suis plus motivé, je suis écœuré par le métier. On subit de la pression dans tous les sens : de la société, de la grande distribution, des grossistes. Mon fils devait reprendre l’entreprise, mais là, je ne sais vraiment pas."

Il décrit également un quotidien consacré exclusivement à son métier : "Je me lève à 6h le matin, je finis à 22h, avec le commerce, l'activité céréalière, le stress, la charge administrative. Tout ça pour ne pas gagner le SMIC."

À lire aussi : TÉMOIGNAGES. "On vit dans un stress continuel" : les agriculteurs en colère réclament plus de considération.

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