Témoignages. "On vit dans un stress continuel" : les agriculteurs en colère réclament plus de considération

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Sébastien Desgris, agriculteur bio, tente de trouver des techniques pour économiser sur le prix du gazole non routier.
Ces agriculteurs dénoncent, entre autres, des normes environnementales trop contraignantes. Mais aussi une hausse des taxes. ©France Télévisions
Publié le Écrit par Lauryane Arzel et Lucile Marcon
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Hausse des charges, intempéries, dévalorisation des produits : les difficultés s'accumulent pour les agriculteurs. S'y rajoute depuis le 1ᵉʳ janvier 2024 la suppression de la défiscalisation du gazole non routier, une charge supplémentaire pour des exploitants qui ont du mal à joindre les deux bouts.

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"J'essaie de limiter le nombre de passages, mais en bio, pour avoir une culture propre, il faut passer par la mécanique, ou par la main-d’œuvre" : Sébastien Desgris, agriculteur bio, tente de trouver des solutions pour faire des économies sur le gazole non routier (GNR).

"Le GNR tombe au plus mauvais moment"

Depuis le 1ᵉʳ janvier 2024, le GNR est défiscalisé pour les agriculteurs, une charge supplémentaire dans un contexte compliqué. "Le GNR tombe au plus mauvais moment, on doit valoriser nos récoltes et toutes nos charges augmentent", dénonce Sébastien Desgris.

Qu'est-ce qu'on fait, s’agrandir ou s’arrêter ? On subit, mais on ne subira pas une éternité.

Sébastien Desgris

Agriculteur bio

Les agriculteurs sortent du silence

Samedi 20 janvier 2024, le préfet de la Vienne a rendu visite à Martial Leau sur son exploitation d'Orches dans la Vienne. Mais ce déplacement n'a pas suffi à éteindre la colère de cet agriculteur qui cumule trois casquettes : élevage bovin, caprin et céréaliculture. 

"En ce moment, on subit la hausse des charges : électricité, approvisionnement, exploitation. Le tout avec des prix de vente à la baisse", énumère-t-il. "On tombe en plein dans l'effet ciseaux, qu'on redoutait depuis un certain temps."

Avec les hausses de charge, on va perdre 20 à 30% de nos revenus.

Martial Leau

Agriculteur bovin, caprin et céréalier

"On gagne deux fois le SMIC, mais en travaillant 70 heures par semaine", reprend-il. "L’exploitation tourne 365 jours sur 365 jours. On ne peut pas continuer à vivre comme ça."

Selon Valérie Leau, agricultrice et aussi maire sans étiquette de Orches (Vienne), "on est quand même une des seules professions qui ne connaît pas son salaire mensuel en embauchant le matin. Nos animaux, on ne sait pas combien on va nous les payer."

Occupée à faire la traite de ses chèvres, elle explique passer tous ses après-midi dans son bureau pour "tout suivre précisément. Il y a tellement de normes."

On vit dans un stress continuel.

Valérie Leau

Agricultrice et Maire (SE) de Orches

Incertitude sur le salaire, mais aussi sur les prochains mois, car "vu les intempéries de fin 2023, il y a de l’incertitude sur les prochaines récoltes de céréales", alors que les restrictions autour de l'usage de l'eau risquent de durement toucher cette exploitation irrigante.

Des manifestations prévues cette semaine

Martial Leau et Valérie Leau appellent tous deux à un éveil des consciences concernant la réalité de leur métier et une meilleure considération de leurs produits. Une revendication partagée par Sébastien Berger, président de la FDSEA 86 : "Si les Français mangent, c’est grâce à tous les agriculteurs qui se lèvent à 6 h du matin pour faire la traite et les maraîchers qui vont ramasser leurs légumes sous la pluie." 

Sébastien Berger mentionne également la mise en place de la nouvelle Politique agricole commune en octobre 2023. "Ça a créé une baisse des primes. On a créé des charges sur nos exploitations, et pour trouver l’argent, c’est souvent le revenu de l’exploitant qui trinque."

La FDSEA 86, rejointe par les Jeunes agriculteurs, appelle à une grande manifestation ce mardi 23 janvier 2024 à Poitiers devant la préfecture. 

Deux jours plus tard, le 25 janvier 2024, une nouvelle manifestation sera organisée par la Coordination rurale 86. Un mouvement soutenu par la Chambre d'agriculture de la Vienne, qui, dans un communiqué, annonce vouloir interpeller la préfecture, mais aussi le Département, notamment sur le sujet des nombreuses normes.

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