En 16e de finale de la Coupe de France, le petit club de Chauvigny (N3) recevra l'Olympique de Marseille (L1), mais aucun des stades picto-charentais n'accueillera cette rencontre.
"Depuis dimanche soir, mon téléphone n'arrête pas de sonner." Yann Gabillon est un homme heureux et populaire. Depuis que le tirage au sort a désigné l'Olympique de Marseille comme prochain adversaire de Chauvigny en Coupe de France, le président du club n'a pas beaucoup dormi.
L'euphorie de la courte nuit à peine retombée, il faut désormais trouver un terrain pour accueillir cette affiche qui s'annonce comme une fête magnifique pour les amateurs de Nationale 3, et il faut le trouver vite. Les rencontres sont prévues début janvier.
Dans la Vienne ?
Les dirigeants du club chauvinois ont rapidement écarté les solutions qui se présentaient à eux dans la Vienne pour une raison toute simple : des structures sous-dimensionnées.
Recevoir l'OM, c'est la garantie de faire le plein en terme de billetterie. Or, aucun des terrains environnants n'est suffisamment grand. Le stade de la Montée Rouge à Châtellerault est limité à 3.000 places. Cela convenait pour le match contre Chartres, mais pas pour une grosse écurie.
Celui de Michel-Amand à Buxerolles près de Poitiers ne peut excéder les 5.000. Une des deux tribunes est en effet fermée pour cause de sécurité. De quoi susciter quelques regrets.
Le président du Stade Poitiers qui y a reçu Lens dimanche à guichets fermés n'a d'ailleurs pas caché sa déception "On aurait pu être 12.000", s'est désolé Jean-Pierre Giret.
Et ailleurs en Poitou-Charentes ?
L'hypothèse d'un match joué dans la Vienne mort-née, une autre piste a émergé : se tourner vers un club voisin.
Angoulême ? Le stade Chanzy peut se targuer d'avoir déjà reçu un club de Ligue 1. C'était en 2020, lors d'un 1/16e de finale contre Strasbourg devant plus de 5.000 spectateurs. Le président du club de Chauvigny reconnaît n'y avoir "même pas réfléchi".
Niort ? Sur le papier, l'antre des Chamois niortais a quelques atouts à faire valoir : une certaine expérience du haut niveau, un éloignement raisonnable de Chauvigny (moins d'1h30) et surtout une capacité d'accueil acceptable. Le stade René Gaillard compte 10.000 places, mais trop peu en tribune couverte. Rédhibitoire pour Yann Gabillon : "s'il pleut par exemple, c'est pas super, on préfèrerait un stade tout couvert."
Et pourquoi pas La Rochelle alors, à condition bien sûr de configurer la pelouse du chaudron maritime et ses 16.000 places en mode "football" ? Trop compliqué. "Les protocoles pour se mettre d'accord avec la mairie seront trop longs, et nous, il faut qu'on avance vite, le match c'est dans 15 jours."
Limoges ou Châteauroux
En l'absence de solution au sein de nos quatre départements, la perspective d'un Chauvigny/Marseille délocalisé est acquise. "Cela aurait été génial de jouer en Poitou-Charentes mais on pense avant tout au public et aux joueurs ; il faut qu'on puisse accueillir tout le monde le mieux possible" argumente encore le président.
Deux options sont alors sur la table : Châteauroux ou Limoges. La préfecture de l'Indre dispose d'un solide argument avec son stade Gaston-Petit de 17.000 places, mais sa grande sœur du Limousin semble pour le moment tenir la corde.
Il faut dire que le parc des sports Beaublanc qui vient de fêter ses 40 ans d'existence, combine deux atouts majeurs : 13.000 places assises couvertes et surtout l'expérience de la Coupe de France. Le 32e de finale entre Trelissac est Marseille s'y est joué en janvier 2020. Une excellente nouvelle pour les Chauvinois. "Ils ont l'habitude, ils l'ont déjà fait, on pourra gagner du temps" argumente Yann Gabillon, "et ça nous rassure car nous l'organisation d'un événement comme ça, on ne sait pas faire."
La Ligue de football de Nouvelle-Aquitaine encourage ce choix, mais son président Saïd Ennjimi insiste : "c'est un bonheur de recevoir Marseille dans une région qui mériterait mieux en terme d'élite. Je préférerais que cela se joue sur le territoire de Nouvelle-Aquitaine mais la décision appartient au président du club."
De son côté, la municipalité de Limoges fait savoir qu'elle est toute disposée à mettre son équipement et ses équipes à disposition. De quoi achever de convaincre le club qui rêve d'une rencontre "clé en mains pour que les bénévoles puissent aussi profiter du match". Réuni ce lundi soir, le bureau de l'US Chauvigny a validé ce choix.
Le match se jouera donc à Limoges, le dimanche 2 janvier à 21h. Une autre bonne nouvelle pour les amateurs chauvinois. "Nos joueurs travaillent le lundi" argue Yann Gabillon.