Déconfinement. Une situation inédite et complexe pour l’inspection du travail

Aucun secteur d’activité n’échappera aux conséquences de la pandémie du Covid-19 qui paralyse le pays. Les entreprises vont devoir se remettre en ordre de marche. Plus ou moins rapidement et sous conditions. Un tour de force que va devoir orchestrer l’inspection du travail.

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A quelques jours du déconfinement, tous les acteurs de l’économie sont dans les starting-blocks. Après la crise sanitaire, il s’agit maintenant pour les chefs d’entreprises de tout faire pour limiter l’impact de la crise économique qui s’annonce. 

Tout faire, mais pas n’importe comment

De l’esthéticienne à l’industriel spécialisé dans les transports, chacun compte se remettre rapidement au travail. Si l’activité doit naturellement reprendre c’est sous certaines conditions. L’inspection du travail s’emploiera donc plus que jamais à y veiller.
La Nouvelle Aquitaine compte douze unités départementales de la DIRECCTE (Direction régionale de l’économie, de la concurrence et de la consommation, du travail et de l’emploi). Elle compte quelques 800 agents répartis sur tout le territoire. 
Ce sont eux qui vont s’assurer, en cas de besoin, de la compatibilité des conditions de travail des salariés avec la reprise d’activité.
Et pour commencer, ces agents eux même, font l’objet de préconisations précises établies par la Direction Générale du Travail. A circonstances exceptionnelles, mesures exceptionnelles. "Pas plus de 40% des agents ne pourront être présents au bureau afin de respecter les distances de sécurité" souligne Agnès Mottet, directrice de l’Unité Départementale de la DIRECCTE de la Vienne qui compte 44 agents.

Chez nous aussi le télétravail restera de mise lors du déconfinement.
- Agnès Mottet, directrice de l’Unité Départementale de la DIRECCTE

"Les notes qui ont été établies durant le mois d’avril stipulent trois points importants" précise cette cadre de la fonction publique. "Premièrement, les agents devront en premier lieu tenter de régler à distance les difficultés qui leur seront soumises. Deuxièmement, ils se rendront sur le terrain uniquement si la situation le nécessite. Troisièmement, ils devront respecter les règles sanitaires qui s’imposent (gestes barrières, utilisation de gel hydroalcoolique et port du masque). Nous avons d’ailleurs été livré le 17 avril et ces moyens de protections finissent, en ce moment, d’être testés" indique Agnès Mottet.

Pas plus d’un salarié sur 4 m²

Il faut dire que le chantier qui attend les inspecteurs du travail est colossal.
Pour rester sur l’exemple de la Vienne, le département compte au total 12.283 entreprises dont la moitié a actuellement recours à l’activité partielle.
Ce dispositif, vital pour beaucoup d’entre elles a coûté 12 millions d’euros depuis le 16 mars dernier. Et pour sortir de cette ornière économique une société sur deux de ce département va devoir mettre en place un plan de déconfinement.
Pas facile, d’autant que la majorité d’entre elles, 9.638 exactement, compte de un à cinq salariés et oeuvrent dans des domaines totalement différents les uns des autres. "C’est pour cette raison que nous avons établis des fiches par secteur d’activité, elles viennent compléter les conventions collectives et autres accords de branches" explique Agnès Mottet, la directrice de l’inspection du travail de la Vienne. 

Il existe 22 fiches, cela va du chauffeur livreur, au ramassage de déchets ménagers en passant par la grande distribution.

Chaque chef d’entreprise doit faire une évaluation de la situation en calculant par exemple les surface de travail afin d’assurer la bonne "distanciation sociale" entre chacun de ses collaborateurs afin de leur garantir une totale sécurité sanitaire. "Cela risque d’être compliqué pour certains d’entre eux, comme dans le secteur du commerce : les magasins et boutiques de vêtements, par exemple".
Les règles sont strictes, cette fameuse surface dans laquelle travaille un salarié ne doit pas être inférieure à 4 m². 
"Pour d’autres domaines d’activité, les postes de travail devront systématiquement être désinfectés, dès lors que plusieurs collaborateurs s’y succéderont". Et puis il y aura la question du matériel : les masques, les gants, le gel, les visières de protection, etc.

"On n’a plus envie d’être chef d’entreprise"

Un vrai casse-tête, et à coup sûr, une double peine pour de nombreux petits patrons qui s’emploient déjà à circonscrire l’hémorragie financière qui menacent leurs entreprises. "Cette situation m’a déprimé, me stresse et me mets en colère" explique Sabrina Jeanneau, propriétaire du salon d’esthétique Villa Royale à La Rochelle en Charente-Maritime.
A 37 ans, cette chef d’entreprise a dû fermer boutique le 17 mars dernier, moins d’un an après avoir repris l’institut. Elle a dû remercier les deux jeunes collaboratrices qu’elles venaient d’embaucher en cdd et se mettre en chômage partielle, tout comme sa salariée permanente. Du jamais vu.
"Nous attendons toujours la validation de notre fiche par les services de Bruno Lemaire, le ministre de l’économie, aujourd’hui on n’a toujours rien !" déplore la jeune femme qui est également propriétaire d’un autre salon à Angoulins près de La Rochelle et assume les fonctions de coprésidente de la Confédération Nationale et Artisanale des Instituts de Beauté de Charente-Maritime.
"J’ai d’ores et déjà prévu des visières pour les soins du visage, du gel, des masques et des gants, mais c’est compliqué" souligne l’esthéticienne car ce matériel de protection n’est pas forcément disponible "je ne parviens pas, par exemple, à trouver de bidons de gel de cinq litres. Il va sûrement falloir que j’aille jusqu’en Vendée pour m’en procurer !"
Après l’épreuve du confinement, Sabrina Jeanneau est sûre d’une chose : "Ça ne va pas reprendre comme avant, beaucoup de consoeurs sont déprimées, s’inquiètent ou sont dans le déni" et de conclure "On n’a plus envie d’être chef d’entreprise".
 
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