Le dernier examen du texte avait lieu ce matin. La proposition de loi de C. Coutelle, députée PS de la Vienne, vise à étendre le délit d’entrave à l’Interruption Volontaire de Grossesse au domaine numérique. De nombreux sites internet pro-vie sèment la confusion.
Pour mémoire, le délit d’entrave à l’avortement existe depuis 1993 et prévoit des peines de prison allant jusqu’à deux ans. Il a été créé pour enrayer l'action des commandos anti-IVG qui empêchaient, de manière parfois spectaculaire, la pratique des avortements en manifestant dans les services hospitaliers. Aujourd’hui les pressions morales et psychologiques s’exercent via internet.
Les pièges de la désinformation
Lorsque l’on fait une recherche simple avec IVG comme mot-clé, le premier site listé est la plateforme d'information officielle du gouvernement. Mais le deuxième site référencé, sous une apparence très sérieuse, et proposant même un numéro vert, est en fait tenu par des opposants à l’avortement, mais cela n'apparaît clairement nulle part.Plus étonnant encore, les lacunes des informations officielles, pour savoir notamment où se faire avorter. Le site du gouvernement choisit de ne mentionner aucune adresse ni numéro de téléphone précis, et se contente de renvoyer vers les plannings familiaux.
Ces associations, présentes dans chacun de nos départements, sont en effet le premier interlocuteur en la matière, mais leur visibilité n’est pas identique partout. Par exemple, dans les Deux-Sèvres, aucun planning familial à l’horizon, l’association s’appelle Agora. Il faut le savoir pour la trouver.
Quelles pratiques en Poitou-Charentes ?
D’après les chiffres fournis par l’Agence Régionale de Santé, le recours à l’IVG est en légère baisse. 4285 en 2015. Elle se pratique dans chacun de nos hôpitaux publics, mais aussi dans des cliniques privées. Attention, manque à la liste ci-dessous le centre hospitalier public de Niort.Dans la Vienne, bénévoles du planning et professionnels de santé s’accordent à dire que les délais de rendez-vous permettent aux femmes de respecter les délais légaux. Un cap significatif a été franchi notamment grâce à l’abandon du délai de réflexion de sept jours.
Des évolutions positives mais encore insuffisantes
Il est trop tôt en revanche pour juger de l’effet de l’extension de l’IVG médicamenteuse par les sages-femmes. Depuis la loi de modernisation de la santé publique de janvier 2016, elles peuvent désormais la prescrire et l’accompagner.Du côté des bémols, trop peu de médecins généralistes pratiquent l’avortement. Dans la Vienne, ils sont 3.
Derrière ce si petit chiffre, pas forcément de clause de conscience, mais le départ en retraite des médecins militants et un très net désintérêt pour cette question. L’avortement n’est pas bien considéré en tant qu’acte médical. Il n’est pas vu comme un soin, y compris par les soignants.
Restent aussi, et on en revient à ce problème de désinformation véhiculée par internet, de trop nombreuses idées reçues et la difficulté pour les femmes à dédramatiser l’Interruption Volontaire de Grossesse.
Dernier chiffre, la moitié des femmes a recours au moins une fois dans sa vie à l’avortement.
Les femmes qui souhaitent avoir plus d’informations, échanger, être écoutées, sur la question de l’IVG et plus globalement sur les questions de sexualité et de contraception, peuvent appeler la ligne nationale gratuite : 0 800 08 11 11.
Plus de détails sur les chiffres régionaux
Le taux d’IVG pour 10 000 femmes en âge de procréer (femmes de 15 à 49 ans) se situe en-dessous de la moyenne de la région Nouvelle-Aquitaine (119 pour 10 000 en Poitou-Charentes contre 136 pour 10 000 en Nouvelle-Aquitaine). A titre de comparaison, la moyenne nationale se situe en 2015 à hauteur de 144 IVG pour 10 000 femmes en âge de procréer (France métropolitaine, sans les DOM).A noter, la part des IVG dites "tardives", c’est-à-dire pratiquées entre 13 et 14 semaines d’aménorrhée, soit tout près du délai légal (12 semaines de grossesse) : ce taux est élevé dans le département de la Vienne par rapport à la moyenne en ex Poitou-Charentes et en Nouvelle-Aquitaine.