Avec les fortes températures de ce mois d’août, les vaches ne broutent qu’une herbe sèche dans les prairies. En Charente, les agriculteurs puisent dans leurs réserves de fourrage pour nourrir leurs bêtes. Certains pensent même à vendre une partie de leur cheptel, ne pouvant assurer une quantité de nourriture suffisante pour leurs animaux.
L’herbe est jaunie, grillée dans cette prairie de Charente. A Montbron, les vaches de Gwenhaël François ne mangent qu’une herbe sèche depuis quinze jours. Alors pour nourrir les bêtes, l’éleveur n’a pas d’autre choix que de puiser dans ses réserves de foin. « Normalement, on nourrit les bêtes de novembre à mars avec le foin. Ce qu’on a donné maintenant, on ne le donnera plus au printemps prochain », constate l’éleveur bovin.
Cet après-midi, les bêtes de Jean-Bernard Sallat, ne sont pas au champ de Saint-Germain de Montbron comme d’habitude. Abritées sous la pénombre de son hangar, elles broutent les bottes de foin que lui aussi, avait réservées pour cet hiver. Celui qui est aussi vice-président de la Chambre d’agriculture de Charente en est sûr: « On n’aura jamais assez de récolte pour aller jusqu’au 15 avril de l’année prochaine et la mise à l’herbe. Il faudra vendre des animaux ou acheter du fourrage, le problème est là. ».
Vendre des vaches pour ne pas avoir à les nourrir
Avec une saison qui a commencé le 15 juillet, Jean-Bernard Sallat est inquiet :
Avec certains de ses collègues, il réfléchit à vendre quelques vaches, mais cette solution n’en est pas une pour lui : « Tout le monde va vendre en même temps, les cours vont s’écrouler. », craint le vice-président de la Chambre d’agriculture de Charente. Gwenhaël François y pense aussi : il a déjà sacrifié 10 % de son cheptel : « Aujourd’hui, j’ai 115 mères. J’ai anticipé la sortie de 10 vaches, pour économiser la nourriture »
Des alternatives au fourrage qui coûtent cher
Acheter du fourrage pour renflouer les réserves l’hiver coûte trop cher aux éleveurs, depuis la hausse des prix de l’énergie et des céréales. Gwenhaël François est aussi producteur de céréales : pour tenir l’hiver, il puisera dans cette manne, qu’il comptait pourtant vendre.
Comme j’ai la chance d’avoir du maïs sur mon exploitation que je destinais à la vente, je vais l’ensiler ça va me faire du fourrage. Sauf que je ne le vendrai pas, donc ça pénalisera mon revenu.
Gwenhaël François, éleveur
Au total, quatre hectares de maïs serviront à compenser le manque de nourriture des bêtes.
Plus d’eau dans les ruisseaux pour abreuver les animaux
À force de ne manger que de l’herbe sèche, les vaches ont plus soif. Mais l’eau manque dans les ruisseaux. Gwenhaël François tracte 6000 litres d’eau par jour pour ses vaches. « L’ensemble de mon cheptel boit environ 11 mètres cubes d’eau par jour. La moitié est distribuée par un système d’alimentation automatique, mais l’autre moitié, il faut l’amener avec la tonne ».
Ces allers-retours à travers les prés pour acheminer l’eau, Gwenhaël sait qu’il aura à les faire jusqu’à octobre. « On a préféré rentrer les animaux parce que prairies complétement grillées, il fallait fourrager tous les jours, les ruisseaux n’ont plus d’eau, comme on doit abreuver les bêtes au champ, c’est plus économique pour nous qu’elles se servent à l’abreuvoir, à la stabulation ».
Pour améliorer la situation, « Il faut espérer avoir des pluies fin août, et espérer que 40 jours après, il y ait de l’herbage à partir de la fin septembre », affirme Jean-Bernard Sallat. Si à cette période la sécheresse venait à perdurer, l’hiver sera long pour les éleveurs.
Reportage de Sarah Marty et Stéphane Bourin