Dans l'académie de Poitiers, comme dans toute la France, écoliers, collégiens et lycéens ont observé une minute de silence à 11 heures, en hommage à Samuel Paty, ce professeur d'histoire assassiné le 16 octobre dernier. Reportage au collège Rabelais de Poitiers.
Il est 11 heures. On n'entend aucun bruit dans la cour du collège Rabelais de Poitiers. Collégiens, enseignants, élus et madame la Rectrice respectent ensemble cette minute de silence dédiée à la mémoire de Samuel Paty. La "lettre aux instituteurs et institutrices" de Jean Jaurès, est lue lentement. Elle est parue en 1888 dans le journal La Dépêche de Toulouse et ressort intacte, 132 ans plus tard.
Dès le matin, le décès tragique de Samuel Paty cet enseignant d'histoire de Conflans Sainte Honorine est dans toutes les discussions. Ou plutôt ce sont les raisons de sa mort qui sont évoquées. Dans la classe, les élèves ont écrit anonymement des questions ou des remarques sur le sujet : "pourquoi cet événement grave s'est passé alors qu'il faisait son travail", s'interroge un collégien.
Comment expliquer l'innommable ? Caricatures, liberté d'expression, valeurs républicaines, toutes ces notions sont appelées à la rescousse pour donner des éléments de réponse.
La rectrice a aussi demandé que les enseignants parlent de l'importance des réseaux sociaux, la différence entre la connaissance et les croyances. "Ces quelques heures n'ont pas suffi", explique Patrick Barrière, professeur d'histoire-géographie de ce collège , "je reprendrai ces notions plus tard, tout le temps qui sera nécessaire."
Du côté de la FSU 86, même petit hiatus sur le déroulement de cette matinée. "Nous voulions un temps plus long pour contextualiser la lettre, tout ça ne se fait pas en cinq minutes", s'agace S. Walter, co-secrétaire départemental de la FSU-86.
Pour les élèves, pas de doute, "il fallait lui rendre hommage, il (Samuel Paty) s'est fait tuer, assassiner".
La minute de silence s'est poursuivie par de longs applaudissements pour se donner du courage face à cette rentrée de novembre 2020, si particulière.
Reportage d'Antoine Morel, Anna Pettini et Carine Grivet