Se chauffer cet hiver a été l’une des principales préoccupations des particuliers. Face à la flambée des prix du gaz et de l’électricité, certains se sont tournés vers le bois de chauffage. L’engouement a surpris le syndicat des propriétaires forestiers du marais poitevin (SPFMP) qui organise depuis l’automne 2022 une bourse au bûcheronnage.
Dans le marais poitevin, les parcelles à défricher ne manquent pas. Ici, ce sont surtout les frênes qui prospèrent. Des arbres qui ont été très convoités cet hiver par les particuliers.
“On a eu énormément de demandes de particuliers qui sont passés au bois, on ne pensait pas que l’opération allait avoir un tel succès”, se réjouit Dominique Jaubert, co-référent avec Michel brunet de la bourse au bûcheronnage.
Du bois presque gratuit
Au total, une cinquantaine de particuliers et autant de propriétaires forestiers ont été mis en relation. Les uns proposent leurs forces pour nettoyer les parcelles mises à disposition gratuitement par les propriétaires qui n’ont plus les moyens physiques ou la localisation pour entretenir leur parcelle.
Chaque contrat est différent, mais en général, les bûcherons récupèrent deux tiers des arbres abattus. Le reste revient au propriétaire.
Dominique JaubertCo-référent bourse du bûcheronnage du SPFMP
Ces contrats peuvent varier de quelques jours à plusieurs mois, selon les besoins du propriétaire. Un échange de bons procédés qui permet aux particuliers de se chauffer quasi-gratuitement.
“On aide les gens et ça permet d’entretenir le marais. Tout le monde est gagnant”, résume Dominique Jaubert.
Trois types de chantiers sont proposés : la coupe d’arbre têtards, les taillis et l’étêtage des peupliers, partie dont se séparent généralement les grandes scieries.
Trois fois plus d'activité
Si sur pied, les arbres ne coûtent quasiment rien, d’autres ont préféré l’option la plus confortable en se fournissant directement en magasin. Un choix économique face à la flambée des prix. Dans ce magasin de Chauvigny, le stère et demi de bois revient à 130 €.
Un argument de poids qui a démultiplié l’activité du magasin. “On a dû embaucher du personnel supplémentaire. On a eu tellement de demandes qu’on a été contraint de refuser des demandes”, explique Jessie Lépinois, responsable du magasin Lépinois Bois.
Ici, l’activité a été multipliée par trois. Un accroissement soudain qui n’a pourtant pas perturbé les stocks de cette entreprise.
“On n'a pas eu de pénurie, nos contrats annuels ont été respectés donc on ne s’est pas retrouvé sans bois”, précise Jessie Lépinois. Cette régularité a d’ailleurs permis à l'entreprise de maintenir ses prix cet hiver, en limitant la hausse à 5 %.
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15 % d'augmentation l'hiver prochain
Mais ce ne sera pas le cas l’hiver prochain. “Les tensions liées à l’augmentation de la demande sur le marché ont boosté les prix de la matière première. On pourrait d’ailleurs voir aussi quelques pénuries si la demande continue de grossir”, prévient la responsable du magasin Lépinois Bois.
La conséquence est qu'il faudra compter en moyenne 15 % d’augmentation par rapport à cette année. Et pour faire face à la pénurie, le seul conseil est de remplir ses stocks de bois avant le mois de juin. Une manière aussi de faire encore quelques économies, avant l’augmentation prévue pour l’automne prochain.