Alors que la liquidation judiciaire du fabricant de carters d'Ingrandes (Vienne) est effective en cette fin du mois de juillet, les 290 salariés étaient conviés ce vendredi à un barbecue d'adieu.
"C'est fini, maintenant il faut qu'on avance" lâche Alain Delaveau. Après de longs mois de bataille, le représentant de la CGT a tenu à participer à ce repas d'adieu auquel les 290 salariés de la Fonderie du Poitou Fonte étaient conviés ce vendredi 30 juillet. Barnum et barbecue ont été installés sur le parking avec vue sur les trois fours désormais éteints.
Les amplis crachent de la musique, une odeur de cochon grillé flotte dans l'air mais l'ambiance n'est pas vraiment à la fête. "L'objectif de cette journée, c'est de montrer qu'on est toute une équipe de camarades. On était fier de travailler ensemble et on se devait de finir ensemble, la tête haute" explique Alain Delaveau.
"Comme après un deuil"
Quelque 290 salariés travaillaient à la Fonderie Fonte, tous perdent leur travail. Ce repas, c'est un peu "comme après un deuil pour accompagner nos emplois". Le tribunal de commerce de Paris doit entériner cette fin de semaine la liquidation judiciaire de l'entreprise, emportée par la crise du diesel après quarante ans de bons et loyaux services, essentiellement pour Renault.
Thierry Gauthier était là depuis le début et il le concède, il est amer. "On s'est fait balader, on a perdu un peu confiance en nos politiciens et en nos dirigeants. En arriver là, après ce qui s'est passé, c'est très difficile à accepter". L'arrêt brutal des fours de l'usine le 21 juillet dernier est encore dans toutes les têtes. "On aurait mérité de faire une dernière coulée" lâche Christophe Berge, "c'est un crève-cœur de partir".
Salut les copains
Autour du barbecue, les discussions vont bon train. On prend les numéros de téléphone "des copains" pour continuer à garder un peu de lien. "Il fallait absolument qu'on fasse cette journée pour discuter de ce qui se passe, de ce qui s'est passé et de nos projets d'avenir" confie un autre.
"On veut se parler plus des meilleurs moments passés ensemble que des mauvais. Liberty, l'État et Renault nous en ont donnés plein, mais on a vécu aussi des bons moments, malgré tout" conclue Alain Delaveau, "cet esprit de fondeur, on va le garder pour toujours, même si certains vont changer de métier, d'autres arrêter."
La semaine prochaine les liquidateurs judiciaires seront présents sur place pour finaliser les licenciements.