Me Yasmina Djoudi, avocate de la famille d'Anis, était l'invitée du journal 19/20 de ce mardi 5 novembre. Quatre jours après l'annonce par le procureur de la République de la Vienne du décès du jeune homme de 15 ans, tué par balle, le jeudi 31 octobre à Poitiers lors d'une fusillade, elle prend la parole.
Ce jeudi 31 octobre, des coups de feu tirés devant un restaurant kebab place Coïmbra ont fait cinq blessés, tous mineurs. L’un d’eux, Anis, âgé de 15 ans et touché à la tête, n’a pas survécu. La famille s'est portée civile dans cette affaire. Me Yasmina Djoudi, invitée du journal 19/20 de ce mardi 5 novembre, a répondu aux questions de France 3 Poitou-Charentes.
Quel est l'état d'esprit des proches à ce jour ?
Tout d'abord, je voudrais dire qu'il faut s'adresser à sa maman, qui a, malheureusement, perdu cet enfant de 15 ans, son enfant unique, et qui est totalement dévasté par la perte brutale de ce garçon. Elle est également dévastée par l'absence totale de prise en compte de son désarroi, ainsi que celui des proches d'Anis.
Vous avez à cœur de rétablir cette vérité, celle qu'Anis n'est pas lié au trafic…
Cette affaire a été tout de suite montée et assimilée à celle de Rennes, alors qu'elle n'avait rien à voir, en qui concerne la personnalité de la victime. Anis a été considéré comme étant quelqu'un qui faisait partie d'une bande de trafiquants. Parce qu'il aurait fait partie d'une bande de trafiquants, il ne devait pas être considéré comme une victime, mais comme un garçon qui faisait du trafic et qu'il ne méritait pas d'être nommé dans son état... Tout est strictement faux. Anis était un jeune garçon de 15 ans, qui poursuivait des études et qui n'avait rien à voir avec tout cela.
⇒ À LIRE AUSSI : Fusillade à Poitiers. Soirée Halloween, victime sans "problème de délinquance" : la famille d'Anis déplore des "amalgames"
Le vocabulaire employé tel que "narco-racaille" ou mexicanisation" par le Ministre de l'Intérieur sont des choses qui ont choqué la famille ?
Ces propos ont énormément choqué la famille : d'un côté, il y a la personne qui a tué et qui a visé dans la foule. Qu'elle fasse partie d'un trafic de stupéfiants, c'est à la justice de la démontrer et la police est sur cette affaire. Le cas d'Anis n'a même pas été évoqué : les autorités n'ont même pas mentionné ce garçon qui était entre la vie et la mort. C'était une maman qui attendait, chez elle, que son fils rentre et qui se rend compte qu'il était à l'hôpital : c'est absolument horrible. J'aurais préféré que l'on ait un mot pour ces victimes. Ce sont aux autorités de prendre leurs responsabilités et d'adresser ne serait-ce qu'un mot de condoléances à cette maman qui pleure cet enfant.
Dans la soirée de ce mardi 5 novembre, le procureur de la République de la Vienne a annoncé qu'un "suspect est actuellement en garde à vue après s’être rendu aux services de police à Paris. Des vérifications sont en cours afin de confirmer son identité et de vérifier s’il s’agit bien de la personne qui faisait l’objet d’un mandat de recherche délivré par le parquet de Poitiers."