Le 7 janvier 2015, des terroristes djihadistes attaquaient le journal satirique Charlie Hebdo. Dix ans plus tard, où en est la liberté d'expression ? Nous avons posé la question à notre invité, Arnault Varanne, rédacteur en chef de l'hebdomadaire Le 7.
L’attentat de Charlie Hebdo avait fait 12 morts, dont plusieurs dessinateurs emblématiques du journal satirique, tués pour avoir caricaturé le prophète Mahomet.
Les Français, et notamment en Poitou-Charentes, s'étaient alors soulevés pour défendre la liberté d’expression et la liberté de la presse. Dix ans plus tard, peut-on imaginer, la même mobilisation ?
Arnault Varanne, rédacteur en chef du 7 : "J’espère que cette mobilisation serait aussi forte qu’en 2015 seulement, je n’en ai pas l’assurance. Charlie Hebdo, c’est une date, c’était une fois, une sorte de coup de poignard. L’onde de choc était tellement forte que les gens se sont sentis touchés dans leur chair par ce qui s’est passé, ils se sont mobilisés à ce moment, mais depuis, il y a une sorte de banalisation".
Ça trotte dans la tête de tous les journalistes, une sorte de peur d’exercer son métier.
Arnault VaranneRédacteur en chef du 7
Ressentez-vous une forme de pression, un malaise dans les rédactions, lorsque certains sujets sont abordés ?
Arnault Varanne : "Oui, forcément, la liberté de la presse, elle s’use que si l’on ne s’en sert pas.
dix ans après, il y a toujours un même combat à mener parce qu’on observe des reculs ici ou là, parce qu’il y a des pouvoirs économiques, des pouvoirs politiques, des pouvoirs religieux. Il y a des précédents avec Charlie, avec Samuel Paty, avec Dominique Bernard,… Forcément, ça trotte dans la tête de tous les journalistes, une sorte de peur d’exercer son métier".
Vous-même, vous avez constaté un glissement, une façon de travailler différemment ? Y a-t-il de l'autocensure ?
Arnault Varanne : "On ne pratique pas l’auto censure, mais on se pose beaucoup de questions quand il s’agit de parler de certains sujets qui sont lourds. Les bassines, les questions migratoires, les questions de genres, les guerres… il y a des répercussions locales, ce sont des sujets inflammables qui vont beaucoup réagir. On a toujours traité tous les sujets, mais aujourd’hui ce qui a changé, c’est la montée en puissance des réseaux sociaux. C’est une caisse de résonance très forte qui permet tout un chacun de s’exprimer. C’est positif pour la liberté d’expression, mais cela peut aussi nuire à la liberté de la presse".
Il faut continuer à porter ce combat, dénoncer quand nous devons le faire et se souvenir que la liberté de la presse est fondamentale.
Arnault VaranneRédacteur en chef du 7
"La liberté d’expression est un pilier fondamental et la liberté de la presse dans la démocratie doit s’appliquer pleinement. On doit considérer que les journalistes doivent faire leurs métiers et doivent accéder dans n’importe quel lieu public.
Il faut continuer à porter ce combat, dénoncer quand nous devons le faire et se souvenir que la liberté de la presse est fondamentale. Pour ma part, je suis toujours Charlie."