La Nouvelle République porte plainte après avoir reçu des menaces liées à la publication d'une caricature de Mahomet

Le journal avait publié le 18 octobre en Une un dessin de Charlie Hebdo dans le but de rendre hommage à Samuel Paty, un professeur d'histoire-géo tué pour avoir montré à sa classe des caricatures de Mahomet.

Le journal La Nouvelle République a décidé de porter plainte après avoir reçu sur les réseaux sociaux des "messages menaçants" selon le directeur de la rédaction du quotidien. "5, 6 ou 7 messages menaçants (comme "attention aux retours de flamme", "on vous aura prévenu" ) ont été découverts sur la page Facebook de l'agence de Châteauroux" a-t-il déclaré.

Ce chiffre, ridicule face aux centaines de réactions positives également exprimées, lui fait dire que cette plainte a été déposée "pour le principe" et "pour qu'une suite judiciaire soit donnée".

Les polices des départements couverts par le journal ont été alertées et une enquête a été ouverte par le parquet de Châteauroux, confiée à la police judiciaire de Limoges. "A cause de la crise sanitaire, l'accueil du public dans les agences n'est plus possible", tient-il à faire remarquer.
 

"Défendre la liberté d'expression"

Ces messages menaçants répondaient à l'hommage rendu par le journal à Samuel Paty, l'enseignant tué à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) par un terroriste islamiste le 16 octobre.

La Nouvelle République avait rempli la Une de son édition du dimanche 18 octobre d'une caricature de Mahomet publié en 2006 par Charlie Hebdo : "c'est dur d'être aimé par des cons" s'exprime le prophète de l'islam, représenté débordé par les intégristes et en pleurs.

Le directeur de la rédaction, qui se dit encore "sidéré" du meutre de Samuel Paty, en a profité pour rappeler les raisons pour lesquelles le journal a décidé de publier cette caricature, qu'il juge être un "choix éditorial fort" : "dire stop à la barbarie et alerter les responsables politiques de la haine qui s'immisce dans la société". 

Pour un des journalistes de la rédaction, qui dit malgré tout ne pas se sentir en danger, la publication de cette caricature est une réponse logique au meurtre de Samuel Paty : "avec cet attentat, la liberté d'expression a été attaquée alors qu'elle permet aux journalistes d'exercer leur métier. Cette publication est donc une manière de la défendre". 

Depuis 2005, plusieurs titres de presse attaqués

Ces dernières années, plusieurs médias, français et étrangers ont subi des attaques pour avoir exercé leur liberté d'expression : en 2005, le journal danois Jyllands-Posten publie plusieurs caricatures du prophète Mahomet, ce qui déclenche un tollé dans le monde musulman, la représentation de Dieu et de son prophète étant considérée comme blasphématoire par certains fidèles. Le journal doit alors faire face à plusieurs menaces de représailles.
L'année suivante, Charlie Hebdo reprend à son compte ces caricatures en y ajoutant en "Une" le dessin de Cabu, choisie par La Nouvelle République pour son édition de dimanche. Après la diffusion de ces dessins, le titre satirique est menacé, ses locaux sont incendiés avant, en janvier 2015, de subir une attaque terroriste qui tuera 11 collaborateurs de la rédaction : Frédéric Boisseau, Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski, Elsa Cayat, Bernard Maris, Mustapha Ourrad, Franck Brinsolaro et Michel Renaud. L'attaque est perpetrée par les frères Kouachi, des islamistes radicalisés, qui justifient leurs crimes par la volonté de "venger le prophète".
En septembre 2020, alors que se déroule le procès de ces attaques, sans les principaux auteurs, tués deux jours après les faits par la police, un individu poignarde deux employés de la société de production Premières Lignes devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, croyant s'en prendre à des journalistes de l'hebdomadaire. 
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