Les fonderies du Poitou sont à nouveau dans la tourmente. Un an après le rachat des deux parties, Fonte et Alu par le groupe Liberty House, l'entreprise pourrait être prochainement en cessation de paiement. La CGT appelle à un débrayage des salariés le jeudi 4 juin.
Mise à jour le 2 juin 2020 : Les syndicats CGT des Fonderies Alu et Fonte appellent à la grève des salariés le jeudi 4 juin à 10 heures. Le syndicat veut alerter sur les difficultés que pourraient rencontrer l'entreprise. Contactée, la direction des fonderies, dépendant du groupe Liberty House a tenu à réagir : "La fonderie de fonte, depuis son acquisition, a souffert de commandes toujours faibles de notre principal client. Le déclin du marché de l'automobile diesel et la pandémie Covid19 ont eu sur le secteur des répercussions imprévisibles en termes de durée et d'ampleur. Nous sommes en discussion avec notre client et lui faisons comprendre l'urgence de la situation.
L'histoire est différente pour notre fonderie d'aluminium où nous avons l'intention de reprendre les activités le 8 juin. De réelles opportunités existent toujours. Nous avons un plan de diversification de 13 millions d'euros soutenu par notre actionnaire, conçu pour nous aider à évoluer avec les changements inévitables du secteur automobile."
Le point au 25 mai 2020 : Jean-Philippe Juin, le délégué CGT de l'entreprise ne cache pas son amertume.
On n'arrête pas de ramer depuis deux ans. Et voilà ! On est dans le dur une nouvelle fois !
L'horizon s'obsurcit à nouveau pour les Fonderies. L'actionnaire, Liberty House qui a racheté les deux entreprises il y a un an, n'apporte pas les sommes promises. Et c'est surtout le plan d'économie annoncé par Renault le 29 mai qui inquiète le syndicat. C'est la survie des Fonderies qui est en jeu.
"Si certains sites Renault venaient à fermer, ce ne serait pas un bon signe pour les fournisseurs comme nous. Nous pourrions ne pas être renouvelés. Nous attendons donc un soutien financier de l'Etat ou de l'actionnaire dans les prochaines semaines", explique Jean-Philippe Juin.
Les volumes d'activité en mai devaient être de 30.000 pièces, ils viennent d'être revus à la baisse, avec seulement 13.000 pièces. Et ce n'est pas suffisant pour garantir la trésorerie. Liberty House devait injecter deux fois 1,5 millions d'euros. Le premier versement a bien eu lieu, mais pas le second. En début de semaine encore, 650.000 euros devaient arriver, mais rien ne s'est passé.
Liberty House, c'est une coquille vide, ils nous promettent des millions, et il n'y a jamais rien qui vient.
- Jean-Philippe Juin, délégué CGT Fonderies Alu
La crise sanitaire n'a pas arrangé la situation
La crise sanitaire et le confinement mis en place le 17 mars n'ont pas arrangé les choses. Les intérimaires ont été remerciés, et les salariés ont été mis au chômage partiel. Du 17 mars au 27 avril. Puis le travail a repris de façon progressive, mais deux nouvelles semaines de chômage partiel sont prévues à partir du 18 mai. Renault, le principal donneur d'ordres, subit aussi les conséquences de l'arrêt de l'activité. Et même si le constructeur automobile assure encore quelques commandes aux Fonderies Fonte, il ne fait plus beaucoup travailler la partie Alu.Le directeur du site a fait une demande de prêt garanti par l'État auprès de la banque pour un montant de 10 millions d'euros, si le prêt n'arrive pas avant le 15 juin, les salaires de juin ne seront pas payés et l'entreprise sera en cessation de paiement.
La CGT a alerté les élus et la secrétaire d'État à l'Économie et aux Finances, Agnès Pannier-Runacher qui était venue sur le site d'Ingrandes le 26 avril 2020.Les Fonderies Alu comptent 285 salariés, la partie Fonte emploie 315 personnes.
Reportage d'Anne-Marie Baillargé, François Bombard et Josiane Étienne :