Après la mort d'Anis, tué par balles dans le quartier des Couronneries à Poitiers en octobre, et les émeutes qui ont touché le quartier en juin 2023, les éducateurs de rue réalisent un travail essentiel de cohésion et d'accompagnement des habitants.
Dans le quartier des Couronneries, à Poitiers, leur mission fait figure de sacerdoce. Nelly, Justine et Mady sont éducateurs de rue. Ce jour-là, ils arpentent le quartier. De leur local, ils se rendent place Coimbra où se trouve le centre commercial, en partie détruit par les flammes lors des émeutes, fin juin 2023. C'est là également qu'est tombé Anis, un adolescent de 15 ans, tué par balles le 31 octobre dernier.
"Là, on fait un tour de rue. C'est comme ça que l'on vient rencontrer les habitants du quartier", explique Justine Leymarie, éducatrice de prévention spécialisée.
Les éducateurs de rue visent en priorité un public jeune, âgé de 6 à 25 ans. Leur rôle est d'écouter et d'accompagner, sans juger, des enfants, des adolescents, mais aussi parfois leurs parents. Dans leur tournée du jour, un arrêt est d'ailleurs prévu au domicile d'une mère de famille.
C'est facile d'aborder avec eux les sujets sensibles du quartier
Une mère de famille
Autour d'une table, la discussion s'engage. La maman reconnaît que les éducateurs de prévention spécialisée sont des professionnels en "qui compter pour nous guider dans le rôle de maman, c'est indispensable". Elle met en avant la proximité qu'elle entretient avec eux. "Ce ne sont pas des gens derrière un bureau qui ne connaissent pas ce qui se passe. C'est facile d'aborder avec eux les sujets sensibles du quartier." Elle admet volontiers qu'elle ne sait pas comment "on aurait avancé jusqu'à maintenant (sans eux)".
À quelques centaines de mètres de là, juste de l'autre côté de la limite de la ville de Poitiers, débute Buxerolles, commune limitrophe. Sur le trottoir, des adolescents sortent du collège Jules Verne qui accueille une grande partie des 200 jeunes suivis par les éducateurs et devenus des adultes référents dans leurs vies.
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Des réponses à mes questions
À 13 ans, Jean-Yanne, élève du collège, suit les conseils de Nelly. "Elle m'aide à chercher mon stage", explique-t-il. Pour lui, l'échéance approche. Il doit avoir trouvé une piste pour le mois de février. A ses côtés, il sait qu'il va "mieux réussir", car elle aura des "réponses à mes questions".
Le travail des éducateurs de prévention spécialisée se matérialise à travers "un accompagnement sur l'ouverture sociale, l'ouverture culturelle", explique Mady Genot, éducateur, pour leur permettre de "s'ouvrir sur l'extérieur". Dans le local, il reçoit un jeune homme bien décidé à s'inscrire au cours de boxe gratuit du quartier.
Dans le gymnase qui accueille l'activité, les jeunes racontent les liens tissés avec les éducateurs. "Ils sont comme ma famille", confie Cleillia, une adolescente qui enchaîne : "Quand je ne sais pas à qui me confier, ça me permet de parler de choses."
À ses côtés, dans le gymnase, Soundous, une autre jeune fille, renchérit : "J'aimerais juste dire aux jeunes d'aller vers les éducateurs, quelle que soit leur situation. D'aller vers eux."