Deux jours après le passage dévastateur du cyclone Chido sur l'île de Mayotte, la communauté mahoraise vivant en métropole essaye d'avoir des nouvelles de leurs proches.
Après l'effroi face aux images montrant l'étendue des dégâts sur l'archipel mahorais après la tempête Chido, la communauté mahoraise demeure sans nouvelle de leurs proches. Sur l'archipel, l'heure est à l'entraide et au soutien des sinistrés.
"On ne sait pas ce qu'il se passe. C'est plutôt angoissant"
Seuls quelques moyens de communication fonctionnent encore à Mamoudzou, la plus grande ville de ce département et région d'outre-mer. Le reste de l'île, située dans l'Océan Indien, est plongé dans le silence. En métropole, des groupes de soutien se forment pour essayer d'obtenir des informations, voire un simple contact avec des habitants de Mayotte.
À Poitiers, Hadji Msahazi est sans nouvelles de ses parents et de son frère depuis le passage du cyclone. Les yeux rivés sur son téléphone portable, ce membre de l'association des étudiants mahorais de Poitiers se dit inquiet : "Pour l'instant, on n'a pas beaucoup d'informations puisque les lignes sont coupées et qu'il n'y a pas d'électricité. On essaye de se renseigner sur les réseaux sociaux, soit par les médias, soit par la préfecture. Je n'ai toujours pas de nouvelles de ma famille, j'attends... C'est très long", déplore-t-il. "Depuis avant-hier, je n'ai pas de nouvelles. Oui, ça fait peur, on ne sait pas ce qu'il se passe. C'est plutôt angoissant."
Avant d'habiter en métropole, Hadji a vécu plusieurs années sur l'archipel mahorais. Il n'a jamais vu une telle violence. "Ce n'était pas d'une telle ampleur. Il s'agissait de cyclones qui passaient près de l'île et qui faisaient quelques dégâts. Alors que celle-ci, dès le début, avant même son passage, on savait qu'elle passait au cœur de l'île et qu'elle ferait beaucoup de dégâts. Face au changement climatique, il se peut que cela se renouvelle. On craint des répétitions de ces phénomènes à l'avenir, ce n'est pas rassurant."
"C'est le cataclysme absolu"
Des habitants originaires de l'ancienne région Poitou-Charentes sont également installés à Mayotte. C'est le cas de Jacques Mikulovic, originaire de Saint-Bonnet en Charente, et recteur de l'académie de Mayotte depuis deux ans. Selon lui, l'archipel est dévasté : "C'est assez impressionnant. Énormément de maisons ont disparu, des toits se sont envolés. C'est le cataclysme absolu. Les habitants qui vivent dans des bangas — petite maison précaire ayant un toit fait généralement des tôles — ne comptent que sur eux et reconstruisent déjà. D'autres vivent dans des conditions précaires peu pensables. On se concentre désormais sur des priorités ; que chacun trouve un espace à peu près sécurisé, c'est-à-dire un abri pour dormir."
Pour l'heure, la priorité est celle de subvenir aux besoins de la population et d'enlever les débris les plus importants. "Actuellement, on est dans l'action. On prend des serpillières, des balais... On ramasse tous les déchets. Tout le monde est conscient que ce sera long et difficile et que la priorité absolue est de pouvoir acheminer de l'eau et l'électricité à tous pour que les gens puissent manger et boire. Le diagnostic scolaire se fera dans un second temps", réagit le recteur de l'académie de Mayotte.
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"On est en plein nettoyage, mais on pense également à la scolarisation. On a un certain nombre de lycées qui n'existent plus, d'autres établissements scolaires partiellement endommagés. Nous hébergeons dans nos établissements scolaires des familles avec des enfants. On avait des stocks d'eau et de nourriture suffisants jusqu'à aujourd'hui. Maintenant, il va falloir tenir. Les maires sont effondrés : les écoles et les mairies sont détruites, ainsi que de nombreux logements. Certains nous disent :"j'ai perdu ma maison, le toit s'est envolé."
48 heures après le passage de la tempête, seule l'entraide sur l'archipel mahorais est de mise tant les dégâts sont colossaux. "Je viens de signer, sur un bout de papier, parce qu'il n'y a plus aucune imprimante fonctionnelle, ni de réseau, une autorisation à la Croix-Rouge d'occuper le collège de M'Gombani. Ils sont allés partout dans le monde, même à Haïti, et ils n'ont jamais vu cela", témoigne Jacques Mikulovic. La tempête Chido a détruit les forêts mahoraises : cela a des incidences environnementales, mais également humaines. "Beaucoup de gens vivaient de productions de noix de coco, de bananes, d'ananas, de cultures de manioc... Désormais, tous ces gens-là vont chercher à manger. L'urgence est absolue : il faut récupérer de l'eau et de la nourriture. Il faut permettre rapidement à avoir accès au monde extérieur."
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Les étudiants originaires de Mayotte de l'université de Poitiers et la communauté mahoraise de Poitiers comptent s'organiser et se retrouver dans la soirée de ce lundi 16 décembre afin d'obtenir des nouvelles de leurs familles et de leurs proches.