Le Convoi de l'eau passe par la ferme contestée des 1 200 taurillons dans la Vienne

En route vers l'agence de l'eau Loire-Bretagne à Orléans, avec pour objectif d'obtenir un moratoire sur le mégabassines, le convoi de l'eau fait halte sur des sites symboliques d'un combat plus global. Ce dimanche c'est la ferme-usine de Coussay-les-Bois qui intéresse les militants.

"Hier on a vu l'agriculture industrielle version grandes cultures avec la ferme de 2 000 hectares, ce qu'on va voir ce soir, ce n'est pas une ferme, c'est une production industrielle de viande". Pour Nicolas Fortin, secrétaire national de la Confédération paysanne et éleveur dans la Vienne, comme pour l'ensemble des organisateurs du convoi de l'eau, la ferme des 1 200 taurillons de Coussay-les-Bois relève du même modèle agricole que les grandes cultures ou les mégabassines.

Notre préoccupation est la même : l'accaparement de l'eau, en termes de quantité, et de qualité.

Dominique Brunet

Opposant à la ferme des 1 200 taurillons

En octobre dernier déjà, militants anti-bassines et opposants à la ferme des 1 200 taurillons manifestaient ensemble à Poitiers pour la préservation de l'eau. Ce dimanche 20 août, Dominique Brunet, co-président de l'association ASPECT (Association de Sauvegarde et de Protection de Coussay-les-Bois et de sa région Thermale) est ravi d'accueillir l'étape du convoi de l'eau. "Notre préoccupation est la même : l'accaparement de l'eau, en termes de quantité, et de qualité. Ici la nappe phréatique affleure à moins de trois mètres de profondeur. Entre le stockage du fumier et le projet de méthaniseur qui va avec la ferme, on est sûr que cette eau va être polluée" explique-t-il.

Des craintes confirmées par le syndicat Eaux de Vienne qui a émis un avis défavorable au projet lors de l'enquête publique. "À moins de quatre kilomètres de cette ferme se trouve la station de pompage qui alimente en eau potable plusieurs communes. Le plan d'épandage n'est pas conforme à la règlementation, à la directive nitrate. Et malgré ça, l'État, la préfecture, laisse s'installer un projet qui va la polluer" détaille Nicolas Fortin.

Comment combattre ?

Pour l'heure, la bataille juridique a tourné en faveur du porteur de projet. Les travaux de construction s'achèvent, les animaux devraient arriver en septembre 2023. Toutefois, les opposants, qui comptent parmi eux le maire de Coussay-les-Bois, ne s'avouent pas vaincus. D'autres recours sont en attente de jugement. "C'est un combat de long terme. on est capable de tenir encore des années. Peut-être qu'un jour, il faudra passer à des méthodes plus fortes, de désobéissance civile. On n'en est pas là, mais si on n'obtient rien du tout, ça va monter en pression.", explique Dominique Brunet.

Moratoire sur les OGM, abandon du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, avec la Confédération paysanne, Nicolas Fortin sait d'expérience, même s'il le regrette, que ces luttes se gagnent par des actions de désobéissance : "Face à l'entêtement politique, on est contraints à un moment donné de mener des actions qui imposent un rapport de force et une médiatisation qui font bouger les choses. La désobéisance ce n'est pas la violence. Ce n'est pas ce qu'on souhaite faire aujourd'hui, mais c'est un constat."

Sur le chemin de Coussay-les-bois ce dimanche, le convoi de l'eau est passé à proximité du terrain de golf de Beaumont-Saint-Cyr. Une quarantaine de militants a pénétré sur le green, arrachant un tuyau d'arrosage et quelques touffes d'herbes. Immédiatement dénoncées par la préfecture et le ministre de l'Agriculture, ces dégradations ont fait l'objet d'une plainte. Les forces de l'ordre présentes sur place n'ont procédé à aucune arrestation et les représentants des Soulèvements de la Terre et de Bassines Non Merci ! ont proposé de prendre en charge les dégâts.

L'actualité "Économie" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Nouvelle-Aquitaine
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité