Le nombre de naissances n’a plus été aussi bas depuis 50 ans en Nouvelle-Aquitaine

L'Insee a publié une étude sur le nombre de naissances et de décès au niveau national ce mardi 2 avril. Les résultats font état d'une forte baisse de la natalité en Nouvelle-Aquitaine en 2023. La mortalité, elle, est moins élevée, mais loin de pouvoir compenser le déficit naturel dans la région.

C’est un constat saisissant. En Nouvelle-Aquitaine en 2023, il y a eu 49 467* naissances, selon une récente publication de Virginie Fabre de l'Insee (L'Institut national de la statistique et des études économiques). C’est le niveau le plus bas enregistré depuis 50 ans. Si le nombre de nouveau-nés diminue presque chaque année depuis 2009, de 2022 à 2023, c'est une baisse nette de 4 100 naissances qui marquait la différence.

Au niveau des départements, seule la Creuse affiche un nombre de naissances en hausse (+ 1,3 %). Pour le reste, comme il est expliqué dans la publication, "la baisse de la natalité en 2023 varie de ‑12,6 % dans les Landes à -3,6 % dans les Deux-Sèvres".

Une baisse de la natalité "difficile à expliquer"

Pour Quentin Laffeter, le directeur des études de l'Insee Nouvelle-Aquitaine, cette baisse la natalité est "tendancielle" et assez générale si l'on se réfère au reste de la France. "Plus que de réussir à donner des raisons à cette diminution, on ne peut qu'exclure des hypothèses à l'heure actuelle", décrypte-t-il. "Ce qu'il faut se dire, c'est que c'est très difficile à expliquer. On peut réussir à établir un lien entre le Covid et une baisse de la natalité en février 2021, mais on ne peut pas expliquer de la même manière un tel décrochage qui a duré du milieu d'année 2022 jusqu'en 2023."

En s'appuyant sur différentes études, il pointe tout de même quelques éléments de réponses. Le nombre d'enfants par femme par exemple, est l'un des indicateurs en baisse. Pour 100 femmes, cette valeur considère le nombre d'enfants qu'elles sont susceptibles d'avoir tout au long de leur vie. Ainsi, 100 femmes en 2022 étaient susceptibles d'avoir 179 enfants contre 168 en 2023.

"On ne peut pas faire des hypothèses", répète Quentin Laffeter. "Mais tout ce qui est tendanciel ne peut expliquer une baisse aussi brutale". Ce qui est observable en revanche, ce sont certains comportements, comme le fait d'avoir des enfants après 30 ans, qui, mis bout à bout, donnent cette tendance à une natalité plus faible.

Moins de décès, mais pas assez pour compenser

Pour les décès en revanche, les chiffres de 2023 se voulaient un peu plus rassurants. 68 232 morts étaient enregistrés en 2023 en Nouvelle-Aquitaine, soit une diminution d’environ 4 600 unités par rapport à l’année 2022 qui détient le triste record de ces dernières années avec 72 838. Mais cette valeur reste très haute si elle est comparée avec d’autres plus anciennes. Il y a 10 ans, l’Insee mesurait 61 000 morts, il y a 20 ans, c'était 58 000, ce qui constituait l’une des pires années de la période 1990-2000.

Selon Quentin Laffeter, il n'y a rien d'étonnant à ce que la mortalité reste haute, en particulier dans la région : "En fait, on a toujours ce contrecoup de baby-boom des personnes nées dans les années 40. Cette génération approche toujours plus des âges où on est plus susceptibles de mourir. La population continue de vieillir." De plus, la Nouvelle-Aquitaine a une population plus âgée que la moyenne française. En effet, la région accueille 11,5 % de personnes de 65 ans ou plus, ce qui la classe égalité avec la Provence-Alpes-Côte-d'Azur et la Corse en tête du classement national. Et pour les personnes de 80 ans et plus, ce chiffre s'élève à 7,5 %, ce qui classe la région seule en tête.

Ainsi, malgré une diminution des décès en 2023, le déficit naturel reste élevé avec la baisse brutale de la natalité. En 2023, cet écart s'élève à 18 800 individus, contre 19 200 en 2022.

400 000 nouveaux habitants en 2040 ?

Avec ce "solde naturel" qui reste déficitaire pour la 12ᵉ année consécutive, peut-on craindre d'assister à un dépeuplement dans les années à venir ? "Non clairement pas", tranche le directeur des études. "Si l'on se fie aux projections de population que l'on a, qui vise à imaginer des scénarios de ce qui pourrait se produire en fonction de la continuité des tendances, on ne serait pas sur un dépeuplement, mais plutôt le contraire." La Nouvelle-Aquitaine reste une région très attractive à l'échelle de la France. Elle bénéficie d'un flux migratoire venu principalement de France qui compense largement le déficit naturel.

Selon les scénarios envisagés, à l'horizon 2040, l'Insee estime que la population de la Nouvelle-Aquitaine pourrait progresser de 400 000 nouveaux habitants. "Soit la population de la Dordogne", compare Quentin Laffeter. "En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'en France, ce n'est pas notre région qui a le plus à craindre. Elle devrait se peupler au détriment d'autres régions moins attractives."

Il est toutefois important de préciser que ces scénarios se basent sur les tendances en termes de population, les facteurs environnementaux par exemple ne sont pas des données évaluées.

*À noter que ces chiffres sont provisoires en attente de la collecte d'une petite quantité de résultats inscrits au format papier.

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