Jérôme Lambert exclu du second tour dans la 3ème circonscription de Charentes, Didier Quentin sorti dans la 5ème de Charente-Maritime, Jean-Michel Clément éliminé dans la 3ème de la Vienne, sale temps pour les barons de tous bords. Amorcé en 2017 le renouveau se confirme sur les bancs de l'Assemblée Nationale.
C'était sans doute le mandat de trop. Les électeurs en tout cas, ont décidé de ne pas renouveler leur confiance à Jérôme Lambert, Didier Quentin et Jean-Michel Clément qui briguaient respectivement leur huitième, sixième et quatrième mandat de député.
Les coups de poignards qui ont été portés par la Nupes à l'encontre de ma candidature ont porté leurs fruits finalement.
Jérôme Lambert, député sortant de Charente
Amer, Jérôme Lambert a un peu de mal à digérer son élimination à l'issue du premier tour de ces élections législatives. "La gauche est éliminée alors qu'elle aurait pu, elle aurait dû être en première position, si évidemment il n'y avait pas eu ces divisions infondées et comportements absurdes." déclarait-il ce dimanche soir à l'issue du dépouillement.
D'abord candidat désigné pour la troisième circonscription de Charente dans le cadre des accords conclus par la coalition des partis de gauche pour ces élections, le député sortant qui briguait son huitième mandat s'était finalement vu retirer son investiture le 10 mai dernier. En cause, ses prises de positions jugées homophobes et rédhibitoires par les représentants écologistes et France Insoumise de la NUPES.
A ce moment-là, Jérôme Lambert se montrait confiant, il avait décidé de maintenir sa candidature, affirmant : " Je serai candidat, et je serai réélu".
Dix jours plus tard, une deuxième polémique éclatait autour d'un logement social qu'il loue à Paris pour 971 euros par mois depuis 25 ans.
Quelles qu'en soient les raisons, seuls 17,9% des électeurs ont mis un bulletin Jérôme Lambert dans l'urne ce 12 juin.
Et c'est la candidate du Rassemblement National Caroline Colombier qui arrive en tête de ce premier tour avec 23,1% des suffrages, devant Sylvie Mocoeur candidate de la majorité présidentielle qui recueille 20,4% des voix. En troisième position, la candidate de la Nupes Marie-Pierre Noël avec 19,5% des voix.
" Les électeurs vont perdre un député de terrain, et la Charente va perdre le seul député de gauche qu'elle avait" déplore Jérôme Lambert, qui souhaite qu'aucun des votes qu'il a recueilli ne se reporte sur le Rassemblement National.
VIDEO - Réaction de Jérôme LAMBERT (DVG)
Il y a eu un effet d'étiquette, de vote utile aussi.
Didier Quentin, député sortant de Charente-Maritime
Elu sous les couleurs Les Républicains avec 54,89% des voix en 2017, Didier Quentin, député sortant de la cinquième circonscription de Charente-Maritime ne siègera pas non plus à l'Assemblée Nationale pour la nouvelle mandature.
Avec 17,6% des suffrages, Didier Quentin arrive en quatrième position du premier tour.
Ce sixième mandat auquel il aspirait était-il le mandat de trop ? Il ne semble pas convaincu que ce soit la raison de son élimination : " Peut-être, c'est une interprétation qu'on peut donner. Je crois qu'il y a eu un effet d'étiquette aussi, de vote utile." déclare-t-il ce lundi matin.
Là aussi, c'est la candidate du Rassemblement National qui arrive en tête. Séverine Werbrouck recueille 25,8% des voix, devant Christophe Plassard, du parti présidentiel Ensemble (23,8%) et la candidate de la NUPES, Margarita Sola (19,9%).
Dans la Vienne, Jean-Michel Clément se dit victime d'un vote de contestation
Proche de Ségolène Royal, ancien socialiste "macron-compatible", il avait en 2017 reçu l'investiture socialiste, puis celle de LREM. Le PS lui avait alors retiré son soutien. Et c'est avec l'étiquette La République en Marche que le député sortant Jean-Michel Clément avait été élu en 2017 dans la troisième circonscription de la Vienne avec 67,83% des suffrages.
Mais dès avril 2018 il claquait la porte de LREM, opposé à la loi asile et immigration, pour rejoindre le groupe "Libertés et Territoires" à l'Assemblée Nationale.
Dans l'optique d'effectuer son 4ème mandat de député, Jean-Michel Clément se représentait ce 10 juin sous l'étiquette divers gauche.
Largement distancé par les trois premiers candidats, il n'obtient que 12% des suffrages. Le résultat, selon lui, de la colère des électeurs : "Le monde rural est en souffrance, et lorsqu'il souffre c'est en silence, et quand il souffre en silence il s'exprime dans les urnes au travers d'un vote de contestation" analyse-t-il.
Au total, il n'y a que 60 voix d'écart entre Pascal Lecamp du parti présidentiel Ensemble et Éric Soulat, le candidat du Rassemblement National qui arrive en tête de ce premier tour. Et le candidat de la NUPES, Jason Valente ne se qualifie pas au second tour pour quelques dizaines de voix. Le deuxième tour s'annonce serré dans cette circonscription.
Mutation
Trois barons éliminés au premier tour, trois candidats du Rassemblement National en tête pour les remplacer. Le paysage politique de Poitou-Charentes est en pleine mutation.