Dans la Vienne, une vingtaine de frayères a été aménagée le long du bassin du Clain pour favoriser la reproduction du brochet, menacé par la pollution et le réchauffement climatique. L'espèce, vulnérable, a ainsi vu sa population doubler en 20 ans.
Le long du bassin du Clain, près du site de la Cassette, la rivière est sortie de son lit. Les berges sont inondées. Brice Nowosielski, chargé d'études à la fédération de pêche de la Vienne, scrute la surface de l'eau, à la recherche d'un "clapotis, d'une éclaboussure en surface qui trahirait la reproduction des brochets".
La Cassette accueille l'une des 22 frayères créées le long du cours d'eau en compensation des espaces artificialisés au moment de la construction de la LGV toute proche.
Les pieds dans l’eau, Brice Nowosielski effectue ses premiers relevés. À l'aide d'une sonde, il mesure la température de l'eau : 11,7°C, idéal pour la reproduction du brochet. "Le brochet peut initier sa reproduction à partir de 10°C - 11°C", explique-t-il. "Une année comme ça, où les eaux sont claires, où on a eu une montée progressive des niveaux d'eau, on a vraiment toutes les conditions pour une très grande année pour la reproduction des brochets".
Le brochet, une espèce repère
Les brochets prolifèrent dans des zones inondées avec une végétation sur laquelle ils déposent leurs œufs. La vingtaine d'espaces aménagés le long du bassin du Clain compense l'absence de frayères naturelles. Elles ont disparu ou ont été fortement dégradées par l'activité humaine, la pollution des eaux et le réchauffement climatique.
La présence du brochet indique que l'on se trouve dans un écosystème suffisamment riche et développé pour qu'il parvienne à se nourrir. Pour les pêcheurs, le brochet est ainsi une espèce dite repère. Comme le dit l'adage, si le brochet va, tout va.
"Il y a quand même de l'espoir pour cette espèce-là qui, note Brice Nowosielski, arrive, avec des aménagements, à regagner des zones de reproduction et qui est assez résistante aux eaux réchauffées et qui pourrait donc s'adapter au réchauffement climatique".
S’adapter, cette espèce vulnérable relève ainsi le défi. Depuis 24 ans, la population de brochets dans le Clain a doublé grâce à l’implantation de la vingtaine de frayères le long du bassin.