Marie-Amélie Le Fur mise tout sur les Jeux paralympiques de Tokyo, jusqu’à révolutionner sa technique de saut

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La double médaillée d'or aux derniers Jeux paralympiques de Rio, il y a quatre ans, remet son ouvrage sur le métier, à sept mois de la prochaine édition. Il reste jusqu’à fin août à l’athlète pour rôder sa nouvelle technique en ciseau et trouver la lame la plus adaptée pour aller avec.

Après la faculté de Poitiers qui, il y a deux ans, baptisait son principal complexe sportif du nom de la triple médaillée olympique, Marie-Amélie Le Fur a désormais également son nom qui s’étale au fronton de la halle d’athlétisme du CREPS de Poitiers. Mercredi 3 février, la sportive inaugurait le bâtiment, accompagnée de la championne olympique de judo Marie-Claire Restout qui donne, elle, son nom à un dojo, et d’Alicia Mandin, la première française championne du monde de para-natation adaptée, elle aussi honorée d’une piscine à son nom.

S’inscrivant dans un vaste projet de développement de son site de Vouneuil-sous-Biard, la rénovation des trois bâtiments vise à élever les installations au niveau des exigences de la haute performance.

En tant que sportif de haut niveau, c’est très important de pouvoir bénéficier d’installations de qualité. Et de personnes, entraîneurs et scientifiques de qualité, pour vraiment aller chercher cette optimisation du geste et de l’interface avec le matériel.

Marie-Amélie Le Fur

Émue, elle s’est dite honorée "d’être aujourd’hui aux côtés de ces deux grandes championnes" passées elles aussi par le CREPS de Poitiers et s’est félicitée de ce coup de projecteur porté sur le sport féminin et paralympique. La jeune femme, trés engagée dans la cause du handicap, est par ailleurs présidente du Comité paralympique et sportif français, et a été nommée ambassadrice, auprès d'Antoine Griezman, de la campagne contre les discriminations.

A 6 ans, Marie-Amélie Le Fur embrasse l’athlétisme, à Vendôme (41) où elle réside. Un accident de scooter en 2004 la laisse amputée sous le genou de la jambe gauche. "A l’âge de 15 ans, quand j’ai eu mon accident, le sport m’a aidé à m’accepter en tant que personne en situation de handicap. Le sport a été le moteur qui m’a permis de me battre et de continuer à avancer."

La sportive a en outre une histoire particulière avec cette salle, désormais à son nom. Quatre ans après l’accident, alors étudiante à Poitiers, elle y a préparé ses premiers Jeux Paralympiques, Pékin 2008. Et lorsqu’elle a repris la compétition après la naissance de sa fille, c’est encore cette salle qui a abrité son retour aux concours de longueur.

Elle est depuis détentrice de huit médailles gagnées aux Jeux paralympiques, dont trois en or. Sur 100m en 2012, puis à Rio, il y a quatre ans, avec une  première médaille d'or sur 400m, et la seconde en saut en longueur, la championne profitant de la compétition pour rafler au passage le record du monde, qu’elle repoussera encore un peu plus loin, deux ans plus tard, à 6,01m.

Mais depuis l’automne dernier, les performances de Marie-Amélie marquent le pas. Ses 5,54m, en octobre dernier à Marseille lors des championnats de France handisport, l’ont décidée à réagir. Car dans le même temps, la néerlandaise Fleur Jong vient de lui ravir le record du monde, atterrissant à 6,14m.

Le grand saut

A 32 ans, la sportive révolutionne donc sa technique de saut, délaissant l’extension, qu’elle a pourtant portée à son plus haut niveau, au profit du ciseau, avec l’idée d’améliorer la phase aérienne de son saut. Elle espère ainsi gagner une trentaine de centimètres avant Tokyo. "Mes objectifs sont simples : gagner les Jeux. Et aujourd’hui, pour gagner les Jeux, la concurrence est tellement rude qu’il va falloir battre le record du monde."

Pour parfaire sa technique, elle avait rendez-vous ce lundi 1er février avec des chercheurs de l’Université de Poitiers venus disséquer son saut.

On réalise une analyse biomécanique en 3 dimensions de l’impulsion, de la phase aérienne et de la réception. Ça peut permettre de gagner quelques centimètres qui seront importants lors d’une finale.

Tony Monnet, enseignant chercheur en Science du Sport

Bardée de capteurs de la tête à la pointe de la prothèse, Marie-Amélie enchaîne ainsi les sauts, sous les regards inquisiteurs de 16 caméras 3D.

Vitesse du décollage, angle du décollage… L’impulsion est particulièrement décortiquée. Les mesures effectuées permettront de choisir la bonne lame : assez souple pour lui permettre de prendre de la vitesse, mais suffisamment rigide pour ne pas trop se déformer à l’impulsion.

On ne choisira peut-être pas la lame la plus performante, mais celle qui correspond le mieux à ma façon de sauter. En sachant qu’il ne reste que sept mois avant les Jeux, il faut aussi que moi je sois en capacité physiquement et techniquement, de bien utiliser la lame. Donc c’est une alchimie qu'il va falloir trouver rapidement, d’ici aux Jeux.

Marie-Amélie Le Fur

En l’état, Tokyo a reprogrammé ses Jeux paralympiques du 24 août au 5 septembre 2021.


Reportage de Romain Burot avec Freddy Vetault et Alexandre Keirle

 

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