Androcur : une Poitevine attaque en justice le laboratoire Bayer

L'Androcur, médicament produit par l'entreprise Bayer, augmenterait le risque de tumeur au cerveau quand il est pris longtemps et à haute dose, d'après une étude récente de Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). À Poitiers, une victime présumée a porté plainte.

Elle n'aurait manqué ce jour pour rien au monde. Véronique Dujardin était bien présente ce mercredi 17 juillet au tribunal de grande instance (TGI) de Poitiers. La Poitevine a décidé d'attaquer le laboratoire Bayer qu'elle estime responsable de ses tumeurs cérébrales.

À 25 ans, on diagnostique à Véronique une maladie des ovaires qui entraîne un dérèglement hormonal. Son médecin lui prescrit alors un bloqueur d'hormones masculines, l'Androcur. Un médicament qu'elle a pris pendant vingt ans. Depuis, elle a développé trois méningiomes, des tumeurs cérébrales. Selon elle, le médicament serait le principal responsable.

Aujourd'hui, Véronique a du mal à marcher, à voir et souffre de problèmes de concentration. Elle doit se rendre plusieurs fois par semaines chez des praticiens. "J'ai deux petites bombes dans le cerveau. On ne sait pas ce que ça peut devenir", assure-t-elle.
 


Ce mercredi 17 juillet, une première audience avait lieu à 9h30. Pour son avocat, Véronique Dujardin n'a jamais été informée des risques liés à la prise de l'Androcur.
La société Bayer Healthcare, qui n'a pas souhaité répondre à nos questions, souhaite le rejet de la demande d’expertise. Le tribunal doit se prononcer le 31 juillet 2019 sur la désignation ou non d'un expert judiciaire.

L'Androcur, nouveau scandale sanitaire ?

Après le Médiator et la Dépakine, le prochain scandale sanitaire concernera-t-il l’Androcur ? La question mérite d’être posée, après que plusieurs victimes de ce médicament ont assigné le laboratoire Bayer devant le tribunal de grande instance de Bobigny. Une audience a été fixée au mois de septembre prochain.

Depuis plusieurs mois, les autorités de santé s'intéressent de près à un possible lien ntre le développement de ces tumeurs cérébrales et le médicament. En 2008, dans un article scientifique, le professeur Froelich, alors médécin du CHU de Strasbourg, relayé par l'agence européenne du médicament l'année suivante, fait un rapprochement entre l'Androcur, médicament mis sur le marché par la société Bayer Healthcare en 1981, et l'apparition des méningiomes. En 2011, la notice a été modifiée en mentionnant la contre-indication du médicament en cas d'existence de méningiomes.

Au moins 500 cas en France

L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a récemment annoncé que l'Androcur augmentait significativement les risques d'une forme de tumeur au cerveau. D'après le rapport, le médicament et ses génériques peuvent multiplier par 20 (après 5 années de traitement) la probabilité de tumeurs intracrâniennes chez les femmes traitées à hautes doses. Cette enquête a permis l'envoi d'un courrier à 80.000 patients dont plus de 2.000 situés en Poitou-Charentes.

Le nombre de méningiomes attribuables à l'exposition prolongée à l'Androcur à forte dose atteint 500 au minimum, notent Alain Weill et Joël Coste de l'Assurance maladie (Cnam) dans une synthèse de l'étude datée de mars.

De son côté, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a invité, jeudi 20 juin, les patients qui prennent de l'Androcur "à se rapprocher de leur généraliste". Un message relayé également par l'ANSM.
 
Le témoignage de Véronique Dujardin, recueilli par Antoine Morel et Stéphane Hamon, est à retrouver juste ici :
 
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