Mercy Okotié est une victime de la mafia nigériane. A 23 ans, sans papiers, elle pourrait être forcée de regagner son pays, où "l'attendent ses tortionnaires" d'après plusieurs associations de lutte contre la prostitution. Face à la mobilisation des élus, l'Etat entrouve la porte à la négociation.
"Il semblerait que le cas de Mercy soit enfin pris en compte et qu'un dialogue inattendu soit enfin établi", se réjouissent les membres du comité de soutien à Mercy Okotie. Cette jeune nigériane, rescapée d'un réseau de proxénétisme cruel, est visée par une "obligation de quitter le territoire français", prononcée par le tribunal administratif de Périgueux, le 10 novembre dernier."La préfecture de Poitiers nous a contacté pour nous informer que Mercy ne serait pas expulsée avant le 23 décembre", annoncent ses soutiens. A l'origine, cette femme de 23 ans devait être expulsée dans la foulée de sa comparution au tribunal.
Elle avait quitté son Nigéria natal pour se retrouver prisonnière d'une organisation criminelle très présente à Poitiers. La jeune femme pourrait être forcée de revenir dans son pays, "où l'attendent ses tortionnaires", estiment ses soutiens : "Renvoyer Mercy au Nigéria c’est la livrer aux griffes de ceux qui l’ont réduite à l’esclavage ou la condamner à mort."
"Un avenir incertain"
Faute de passeport, qui lui aurait été - selon elle - confisqué lors de son passage en Libye, Mercy Okotie n'avait pu ni bénéficier de la protection de l'OFPRA, ni d'une autorisation temporaire de séjour. Pourtant, cette victime de la mafia nigériane pouvait, en théorie, prétendre à l'entrée dans les "parcours de sortie de la prostitution".Catherine Coutelle, ancienne député de la Vienne à l'initiative de la loi sur la pénalisation des clients, et son successeur, le député LREM Sacha Houlié, "ont fait part de l'affaire au ministère de l'Intérieur et ont ainsi apporté une influence précieuse", notent les soutiens de Mercy Okotie.
"Mercy n'est pas tirée d'affaire pour autant et son avenir reste encore incertain", déplorent-ils. L'association abolitionniste "Mouvement du Nid" s'est jointe aux soutiens de la jeune femme et dénonce la "protection" dont ferait bénéficier l'Etat aux réseaux proxénètes.