Poitiers : la fête des librairies indépendantes célèbre cette année le retour des lecteurs

Alors que le secteur de la librairie repart de manière encourageante après des semaines de confinement, la fête des librairies indépendantes s'est tenue ce samedi. Comme le veut la tradition catalane dont est issue cette fête, les lecteurs se sont vu offrir une rose et un livre par leur libraire. 

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A la sortie des librairies indépendantes, ce samedi, il n'était pas rare de croiser des clients une rose à la main, et de l'autre, un sac de livres. L'occasion : la fête des librairies indépendantes, à l'origine prévue le 25 avril dernier, mais reportée pour cause de pandémie de Covid-19. 

Cette fête, d'origine catalane (la tradition veut que l'on s'offre une rose tous les ans à cette date et, depuis près d'un siècle, un livre également), s'est installée en France depuis quelques années, depuis que l'Unesco en a fait la Journée mondiale du livre et du droit d'auteur en 1995.

"C'est une journée mondiale que les acteurs du livre peuvent s'approprier", explique Christine Drugmant, libraire à La belle Aventure à Poitiers. "Au Maroc par exemple, ça se passe surtout dans les bibliothèques. En France, on le fait plus dans les librairies. Depuis les années 2000, les librairies indépendantes célèbrent la liberté d'expression en offrant une rose et en proposant des animations pour mettre en avant la diversité des publications, des fonds de librairie."

En plus de la rose, l'association Verbes, qui organise l'événement en France, offre un livre édité spécialement pour l'occasion. Cette année, c'est une éphéméride intitulée "A plus d'un titre" qui égrène le catalogue de la collection Folio. A chaque jour, son titre. A chaque jour, une potentielle découverte de lecture. 

On observe un retour massif des lecteurs vers les livres de fonds  

- Christine Drugmant, libraire La belle Aventure

Un couple s'apprête à rentrer dans la librairie et jette un oeil sur l'affiche de la manifestation. "J'ignorais qu'il y avait cette fête aujourd'hui", témoigne Stéphane. Masque blanc neige devant le visage. il découvre l'une des animations proposées par la librairie : une urne à l'entrée dans laquelle chaque lecteur est invité à notifier le livre qu'il emmènerait sur une île déserte. Devant lui, une vitrine propose déjà les choix de lecteurs et de libraires. Après une réflexion rapide, Stéphane inscrit "Born to Run" de Christopher Mcdougall

Il poursuit : "Voilà, c'est l'idée que je me fais d'une librairie plutôt que d'un distributeur sur Internet." A ses côtés, Dolorès ajoute : "On sait qu'ici, on va trouver de la bonne littérature et bénéficier d'un bon conseil, dans un bel endroit."

Un goût de déconfinement

Cette année, la fête a une saveur toute particulière : celle de la joie du déconfinement. 

"On observe un retour massif des lecteurs vers les livres de fonds, ceux qui invitent à la rélexion, à la compréhension du monde", poursuit la libraire, rassurée de voir ses lecteurs et clients revenir dans sa boutique. 

Côté jeunesse, cette idée de redécouvrir les fonds des librairies se décline par des lectures en plein air pour les enfants. On y lit "Loulou" de Grégoire Solotareff ou encore "La Grenouille à grande bouche" de Elodie Nouherr et Francine Vidal : de grands classiques de la littérature jeunesse. Des enfants et leurs parents s'installent sur les tabourets disposés devant la librairie et écoutent la lecture, à l'ombre des arbres. Les parents semblent tout aussi fascinés par le moment de lecture que les enfants. 

Beaucoup me disent avoir retrouvé le goût de la lecture pendant le confinement

- Véronique Gauduchon, libraire à La Bruyère vagabonde

Une "bonne" fièvre

A Poitiers, toutes les librairies indépendantes ne participent pas à l'événement. A La Bruyère vagabonde, Véronique Gauduchon explique ne pas avoir reçu à temps les livres offerts à l'occasion. Mais pour elle, la fête de la librairie indépendante, "c'est tous les jours".

"Depuis la réouverture, c'est blindé!", constate-elle, enthousiaste. "Je me rends compte à quel point les gens sont attachés à leurs librairies. Ces trois dernières semaines, j'ai vu tous mes clients réguliers revenir. J'ai senti une fièvre, une "bonne" fièvre, un besoin de retrouver ses marques, de parler de ses lectures, d'en découvrir d'autres, d'échanger."

Elle constate elle aussi un goût renouvelé pour les grands textes qui constituent les fonds des librairies. "Beaucoup de clients me disent que le confinement leur a redonné le goût de lire et qu'ils ont beaucoup lu et que c'est quelque chose qu'ils ne veulent pas perdre. Une personne me disait par exemple qu'elle se donne au moins une heure pour lire chaque jour, elle ne veut pas perdre ce goût retrouvé." 

En ce samedi après-midi, la fréquentation des librairies du centre-ville semblait comparable à celle d'avant le confinement. Si le nombre de clients à l'intérieur reste limité, d'autres patientaient à l'extérieur que vienne leur tour d'entrer. Et de flaner. 

 

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