Denis Dérout, ancien combattant et résistant pendant la Seconde Guerre mondiale est décédé le dimanche 27 février, vient d’annoncer sa famille. Il était l'un des derniers résistants encore en vie dans la Vienne.
Il avait 95 ans. L’ancien résistant poitevin Denis Dérout est décédé ce dimanche 27 février, a annoncé sa famille. Denis Dérout témoignait régulièrement auprès des collégiens et des lycéens. L'occasion d'échanger et surtout de ne pas oublier l'histoire de la Seconde Guerre mondiale.
Un passeur d’histoire
“Nous ne sommes pas des héros de la Résistance”, confiait-il modestement à France 3 en mai 2019. “Nous étions en plein centre de la Bretagne, loin de toute caserne allemande. Nous n’avions pas de train à faire dérailler. Nous n’avions aucune arme, j’avais juste un pistolet que j’avais piqué à mon père !”
Né le 20 mai 1926 à Trégunc (Finistère), Denis Dérout a grandi à Lorient (Morbihan). Son père était un ancien combattant de la Première Guerre mondiale qui “détestait Pétain”, nous racontait-il.
“Mon père était très inquiet de la montée du nazisme. J’ai donc été élevé dans cet esprit de résistance avant l’heure.” Le 18 juin 1940, Denis Dérout a 14 ans. Les mots du général de Gaulle, exilé à Londres, confirment son envie de résister et de “raccompagner les Allemands chez eux.”
Dénoncé à la Gestapo
Quatre ans plus tard, en janvier 1944, il adhère à la Résistance avec des camarades d'école, alors qu’il étudie dans un lycée de Guémené-sur-Scorff.
Le 2 mai 1944, son groupe de 22 résistants se fait dénoncer. La gestapo part à leur recherche. “A l’époque, j’avais une chambre chez l’habitant. Je prenais mon petit-déjeuner quand la logeuse me dit que les Allemands avaient installé une mitrailleuse à 50 mètres de chez elle.” Il part se cacher dans un bois. Le soir, à son retour, il apprend que quatre de ses camarades ont été arrêtés.
Le 4 mai 1944, son professeur de mathématiques, Émile Mazet, se fait arrêter par les Allemands. “Il avait refusé de se cacher avec nous, il disait qu’il était trop reconnaissable”, détaillait Denis Dérout. Avec d’autres résistants, Émile Mazet se fait interner à la citadelle de Port-Louis, près de Lorient. Il est torturé et exécuté.
“Ce n’est qu’au 50ème anniversaire de la fin de la guerre que j’ai appris par l’un de ses codétenus qu’Emile Mazet s’était fait arrêter volontairement parce qu’il se sentait responsable des quatre jeunes arrêtés deux jours plus tôt.”
Le jour du débarquement
Lors de son engagement aux côtés des résistants, Denis Dérout fait partie d’un groupe F.F.I (Forces françaises de l'intérieur), chargé de recevoir des parachutages.
Le 6 juin 1944, avec deux camarades, il part chercher des armes près de la commune de Saint-Marcel (Morbihan). “Nous sommes partis sans savoir que c’était le jour du débarquement. On s’en est douté car on entendait le sol vibrer et un grondement sourd. On avait entendu parler d’un débarquement en Bretagne. On ne savait pas que c'était en Normandie.”
Ils parcourent une centaine de kilomètres à bicyclette. “Lorsqu’on arrive, nous sommes accueillis par des gendarmes. Là, on se dit que c’est un piège !” Le brassard des Forces françaises de l'intérieur (F.F.I.) le rassure tout de suite. “Nous avions un papier qui justifiait que nous appartenions au F.F.I et qui nous couvre par la convention de Genève. J’ai encore ce papier d'ailleurs !” Ce témoignage, il l'a transmis à de nombreux collégiens et lycéens.
Les obsèques de Denis Dérout seront célébrées le 8 mars en l'église réformée de Saint-Pierre-d'Oléron, en Charente-Maritime.
Voici les reportages que nous avions consacré à Denis Dérout