En pleine manifestation des enseignants et du personnel de l'éducation nationale, deux individus ont agressé violemment trois militants de la CNT-Solidarité ouvrière. S'ils ont ciblé directement le syndicat, la motivation et l'identité des agresseurs ne sont, pour le moment, pas connues.
Une dent cassée et des points de suture. Le bilan de l’agression survenue le 23 septembre 2021, à Poitiers, en pleine manifestation des travailleurs de l’éducation nationale est lourd. À l’appel de l’intersyndicale, enseignants et personnels de l’éducation nationale étaient incités à manifester pour défendre leurs conditions de travail. Tout se déroulait parfaitement jusqu’à ce que deux individus débarquent dans le cortège, ciblant des militants du syndicat CNT-Solidarité ouvrière (CNT-SO).
"Tout est allé très vite"
Les travailleurs de l’éducation nationale étaient rassemblés à Poitiers pour une manifestation intersyndicale afin de revendiquer de meilleures conditions de travail. Tous s’étaient réunis pour réclamer une hausse des salaires, dénoncer les difficultés de recrutement du rectorat de Poitiers et des "affectations hasardeuses" mais également protester contre la réforme du Baccalauréat. La manifestation chemine alors sans embûche dans les rues de Poitiers.
Mais alors que le cortège terminait son parcours à l’approche du Pont Joubert, au bout de la Grand’Rue, trois militants du syndicat CNT-SO ont été agressés violemment. Disposés en fin de cortège, ils brandissaient un drapeau de leur syndicat quand deux individus sont venus pour leur prendre des mains. "Tout s’est passé très vite, nous avons cru à une blague au début", raconte l’un d’eux, enseignant en Sciences économiques et sociales.
Une fois le drapeau en main, les deux individus s’enfuient en courant vers la rue des Herbaux et lancent : "Vous ne reverrez pas votre drapeau !" Pas un mot de plus. Quand les manifestants demandent des explications, ils n’en n’ont pas. Aucune revendication non plus. Ils sont trois à partir récupérer le drapeau aux mains des deux individus qui tentent alors de le déchirer. Interviennent alors des échanges coups. Ces derniers sont assez violents puisqu’ils entraînent la prise en charge au CHU de Poitiers de deux des trois militants. Bilan : une dent cassée et une lèvre ouverte pour l’un et des blessures plus superficielles pour l’autre.
Une agression ciblée
Sur le moment, les forces de l’ordre occupées en tête de cortège, n’ont pas pu voir la scène. Deux jours plus tard, la sidération règne du côté syndical. Au nom FSU, FNEC-FP-FO, CGT Educ, Sud Education, les fédérations syndicales de la Vienne ont condamné ces violences. "Je pense que ça a choqué beaucoup de gens. On ne s’attend pas à voir ce genre de chose dans une manifestation enseignante", s’exclame l’un des deux agressés. Quoi qu’il en soit les trois militants ont déposé plainte et attendent une enquête de police pour déterminer la provenance de l’agression.
"Ce qui est sûr, c’est que c’est la CNT qui était ciblée, explique l’un des militants. Il y avait plein de drapeaux mais seulement deux de la CNT et c’est celui-ci qu’ils voulaient. Ce n’est pas un hasard." Ce qu’a bien compris la CNT-SO de la Vienne. Dans un communiqué, le syndicat indique avoir été "clairement" identifié et visé "de par ses activités syndicales et son positionnement antifasciste".
Pas de revendication de l'agression
"Ce n’est pas rien de déchirer un drapeau et d’en venir aux mains, ce n’est pas supportable", dénonce le co-secrétaire de la FSU 86, S. Walter, au nom des fédérations syndicales de la Vienne. Si pour le moment rien ne permet d’identifier les agresseurs et leurs intentions, ces violences interviennent dans un climat pictavien qui force les syndicats à être sur leurs gardes. S. Walter cite en exemple des symboles forts : la dégradation du local du planning familial de la Vienne en juin dernier ou encore celle à l’encontre du local du PCF de Poitiers. "On est vigilant sur ce type de méthode dont l’extrême-droite est familière", prévient-il tout en précisant ne pas connaître l'origine de cette attaque.
Du côté de la CNT-SO, la vigilance est également de rigueur. En attendant, les éventuelles suites de l’affaire permettant d’identifier les agresseurs et leurs motivations, le syndicat se prépare à une journée de mobilisation interprofessionnelle le 5 octobre 2021.