POLÉMIQUE. Un parc photovoltaïque XXL à la place de terres agricoles : le bras de fer est engagé dans cette petite commune

Dans la commune d'Adriers, dans le sud de la Vienne, des élus et des habitants sont inquiets après l'annonce de la vente d’une ferme de 600 hectares, rachetée à plus de quatre millions d’euros. Pour les locaux, il ne fait aucun doute que les investisseurs vont y installer des éoliennes et des panneaux photovoltaïques.

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La commune d'Adriers, située aux confins du sud de la Vienne, est une terre d’élevage et de bocage. Dans ce petit village, deux riches investisseurs viennent d'acheter plus de 600 hectares de terres de la ferme de la Combe, soit 10 % de la surface de la commune.

Un projet avant tout énergétique

Philippe Rose, premier adjoint de la mairie d'Adriers, raconte l'histoire de cette ferme : "Il y avait auparavant de nombreux employés. La ferme comptait plus de 600 hectares. C'était une ferme d'élevage, avec beaucoup de moutons. De là, cette ferme a été en partie vendue. Aux alentours de 2014, un céréalier de Charente-Maritime a racheté ces terres. Il a arraché tout le bocage et a fait des céréales, mais ça n'a pas marché. Il a décidé de la revendre à un énergéticien, qui rachète les terres pour faire de l'agrivoltaïsme."

On passe de 4 500 à 9 000 euros par hectare : à ce prix-là, aucun paysan ne peut s'installer sur des terres comme celle-là. Ce genre de ventes de fermes n'est plus accessible pour des paysans.

Pierre-Jean Clerc

Porte-parole de la Confédération paysanne 79

Le projet n'est donc pas seulement agricole, mais aussi énergétique. Pour le syndicat de la Confédération paysanne 79, ce qui choque le plus est le prix à l’hectare : Pierre-Jean Clerc, porte-parole de la Confédération Paysanne 79, estime qu'il est deux fois plus élevé que le prix moyen dans le secteur. "On passe de 4 500 à 9 000 euros par hectare : à ce prix-là, aucun paysan ne peut s'installer sur des terres comme celle-là. Ce genre de ventes de fermes n'est plus accessible pour des paysans, les prix sont devenus beaucoup trop élevés, c'est devenu beaucoup trop cher. Comment demain peut-on faire quand les paysans perdent leur outil de travail ? C'est une question que l'on peut se poser."

"C'est catastrophique, surtout quand on voit la beauté du bocage"

Les opposants en sont certains : derrière cette transaction, se cache un projet énergétique, avec l’installation d’éoliennes et de panneaux solaires. Le décret sur l'agrivoltaïsme prévoit un taux de couverture de 40 % maximum. Il y aurait donc ici un potentiel de 240 hectares de panneaux photovoltaïques. Une idée inconcevable pour les élus locaux. "On est scandalisé : la valeur des terres est multipliée par deux", ajoute Philippe Rose, adjoint au maire d'Adriers.

"Demain, ce qui est prévu sur ces terres sont des champs de panneaux photovoltaïques et des éoliennes. C'est catastrophique, surtout quand l'on voit la beauté du bocage. En tant que commune, notre seul espoir est de prendre des délibérations pour pouvoir ralentir et stopper le projet, et avoir le maximum de personnes avec nous."

Gisèle Jean, la vice-présidente de la communauté de communes de Vienne et Gartempe se montre moins fataliste. Elle compte sur le nouveau plan local d’urbanisme pour faire retoquer ce projet : "les élus ont choisi de reprendre la main sur ce territoire. Nous avons beaucoup d'éoliennes, d'usines hydrauliques et nous souhaitons pouvoir choisir quelles énergies nous installeront sur notre territoire. Ce projet soulève une question, car il est non maîtrisable : cela ne favorise pas ce pourquoi nous nous battons, installer des jeunes agriculteurs et non pas des rentiers. Nous savons que ce sont de grandes sociétés qui ont des avocats, qui se battent contre nous au fur et à mesure, et je pense que ce sera également une bataille juridique."

Le bras de fer commence à peine. La manifestation de ce lundi 21 octobre a permis aux opposants de compter leurs troupes.

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