Portrait. Margaux, 17 ans, stagiaire BAFA : "C'est bon d'être sûre de trouver un emploi pendant les vacances scolaires"

Depuis plus d'un an, le brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur (BAFA) est ouvert aux jeunes de 16 ans. Grâce à ce changement, les inscrits à l'obtention de ce diplôme sont de plus en plus nombreux. C'est le cas de Margaux Duport, 17 ans, actuellement en stage BAFA à Biard (Vienne).

"Tu viens d'être trouvé Renan, maintenant, c'est à vous de venir le libérer". Au cœur du petit bois de Biard (Vienne), Margaux Duport dispense ses consignes à son groupe de jeunes. Sa voix porte, les mots sont clairs, les enfants à l'écoute. À 17 ans, c'est l'une des toutes premières fois qu'elle a la responsabilité de huit jeunes, elle anime ce matin-là un jeu, "la gamelle".

La lycéenne effectue son stage pratique de deux semaines du BAFA au centre de loisirs "Bulle d'Air" à Biard. C'est un passage obligé pour la validation de son diplôme d'animatrice. "C'était compliqué de valider mon diplôme, si je n'avais pas trouvé ce stage pas loin de chez moi. Comme je suis en conduite accompagnée, donc je n'ai pas le permis, et que mes parents travaillent, il fallait que je puisse trouver un centre de loisirs proche de la maison. Et je l'ai trouvé plutôt facilement".

Margaux veut être professeur des écoles plus tard. En 3ᵉ, elle a déjà œuvré auprès d'enfants lors de son stage en périscolaire. Mais là, elle encadre réellement des jeunes."De gérer un groupe d'enfants, je n'ai jamais eu d'expérience dans le domaine. C'est différent de mon stage. De pouvoir les accompagner, d'être autonome, qu'ils prennent plaisir, c'est agréable, car ce sont leurs vacances". Ses prochaines vacances avec le BAFA en poche, Margaux y pense déjà. "C'est bon d'être sûre pendant toutes les vacances scolaires de trouver un emploi". Elle doit d'abord terminer ses 14 jours de stage pratique puis finaliser le diplôme avec une session d'approfondissement de six jours.

Des inscrits plus nombreux depuis l'ouverture à 16 ans

Depuis un décret du 14 octobre 2022, l'âge minimal d'entrée en formation au BAFA a été abaissé à 16 ans. Cette décision a eu un réel impact sur le nombre de stagiaires. "On a beaucoup de stagiaires depuis l'ouverture à 16 ans, autant qu'avant le Covid", admet Nicolas Bégout, responsable de formation CEMEA Nouvelle-Aquitaine.

En un an, les CEMEA de Nouvelle-Aquitaine ont formé 320 candidats supplémentaires. Un regain d'intérêt régional pour le BAFA qui est aussi national. Selon les données de la direction de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative, le nombre de BAFA délivré a augmenté de 37 % en 2022 par rapport à 2021 pour atteindre un total de 46 239. Mais ce chiffre est encore loin de celui de 2016, où 54 842 personnes avaient obtenu leur BAFA. "Ils y trouvent un intérêt pour une expérience professionnelle pour l'été, car il y a des besoins clairement", reconnaît Nicolas Bégout.

Où se former en Nouvelle-Aquitaine

En Nouvelle-Aquitaine, selon une liste établie fin 2023 par la délégation régionale académique à la jeunesse, à l'engagement et aux sports, il existe 45 organismes de formation habilités préparant au BAFA.

En Poitou-Charentes, ils sont 11 : Aroeven 86 à Poitiers, CEMEA Nouvelle-Aquitaine à Poitiers, le CFAG à l'Absie (Vienne), le Club Marpen à Tusson (Charente), Eclaireurs et Eclaireuses de France à Poitiers, Eclaireurs et Eclaireuses Unionistes de France à Exoudun (Deux-Sèvres), Familles rurales de Charente-Maritime à Saintes, Familles Rurales Deux-Sèvres à Bressuire, les Francas Poitou-Charentes à Poitiers, la Ligue de l'enseignement Poitou-Charentes à Poitiers et l'UFCV Poitou-Charentes Limousin à Poitiers.

Pour s'inscrire au BAFA, il faut passer par le site du ministère de l'Éducation nationale et de la jeunesse. Le parcours de formation dure 28 à 30 jours. Tout d'abord, cela démarre par une session de formation générale de huit jours minimum. Puis, vous devrez effectuer un stage pratique de 14 jours effectifs minimum. Enfin, une session d'approfondissement (de six jours minimum) ou de qualification (8 jours minimum), est obligatoire.

Chaque inscrit a ensuite deux ans pour finir l'ensemble de son cursus. "C'est à la fois long et surtout très court pour certains. Car il faut d'une part être disponible, trouver un stage et surtout certains partent étudier à la faculté ou loin de chez eux, et parfois s'arrête en cours de route", rapporte Nicolas Bégout, responsable de formation CEMEA Nouvelle-Aquitaine.

Coût moyen de la formation : 800 euros

Selon l'organisme de formation, selon les aides obtenues et selon comment on la réalise (internat, externat, demi-pension), le BAFA coûte entre 400 et 1 200 euros. Des aides financières peuvent être obtenues par les candidats, sous condition de revenus fiscaux des parents ou non, grâce à différents organismes : la Caisse d'Allocation Familiale, le conseil régional, Pôle Emploi ou même des comités d'entreprise.

Les jeunes peuvent également bénéficier d'une aide nationale de 200 euros. En 2022, selon le ministère de l'Éducation nationale et de la jeunesse, 27 000 jeunes en ont profité. Une aide qui n'est pas négligeable, l'aspect financier est un frein pour de nombreux jeunes. "Certains ne peuvent pas aller au bout du parcours, car chaque session est payante", reconnaît Nicolas Bégout.

Une fois délivré, le BAFA permet de travailler dans les centres de loisirs, les centres de vacances, écoles notamment. Le salaire débutant est au SMIC, soit 1 398,69 euros nets pour 35 heures hebdomadaires. "Il y a des opportunités rapides d'emploi, un job d'été quasi assuré", indique Nicolas Bégout.

Qu'est-ce-qu'un bon stagiaire ?

Mais avant cela, il faut absolument obtenir son diplôme du BAFA. Margaux Duport va notamment être évaluée par Benjamin Petit, animateur-directeur à l'accueil de loisirs "Bulle d'Air" à Biard. Benjamin fait un point journalier avec celle qu'il forme. "Je lui fixe des objectifs pour les jours à venir, le but, c'est d'étoffer son évaluation", indique le directeur.

Lui, qui a eu en stage pratique plusieurs personnes connaît bien les qualités d'une bonne ou d'un bon stagiaire. "Celui qui va prendre des initiatives sur la vie quotidienne pour proposer son aide aux animateurs salariés. Celle qui va aider dans l'encadrement des jeunes. Puis après, il y a aussi l'animation des jeux, d'activités artistiques ou manuelles. Là, je vais leur fixer des objectifs. On va démarrer par des jeux de cours, puis on va aller vers un grand jeu avec plus d'enfants. Il peut également avoir un rôle avec d'autres animateurs". Une grille d'évaluation que remplit ensuite Benjamin Petit pour valider ou non ce stage pratique.

Une fois chaque formation valable, votre dossier est transmis à un jury qui le propose ensuite au directeur départemental. Ce dernier vous déclare alors comme reçu(e). Chaque formation non validée peut bien évidemment être refaite. Une fois son parcours terminé, Margaux Duport candidatera peut-être dans ce centre de Biard où elle a fait son stage. "Parfois, on a des difficultés de recrutement, donc former nos futurs animateurs, c'est aussi l'occasion de les fidéliser", déclare fièrement Benjamin Petit.

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