Procès Xynthia: Corinne Lepage dénonce une volonté d'urbaniser "à outrance"

A Poitiers, l'ancienne ministre Corinne Lepage, avocate de 115 parties civiles au procès en appel des anciens élus de La Faute-sur-Mer (Vendée), a dénoncé leur volonté d'"urbanisation à outrance" de la station balnéaire, menant à 29 décès en 2010 lors de la tempête Xynthia.

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"Ce qui relie tous les protagonistes de cette triste affaire, ils avaient entre eux une forme de communauté d'intérêts, l'urbanisation à outrance et contre tous de cette commune", a attaqué dès le début de sa plaidoirie sans concession l'ancienne ministre de l'Environnement, qui défend l'Avif, l'association des victimes, et 115 parties civiles.
Lourdement condamnés en première instance pour "homicides involontaires", le 12 décembre 2014, René Marratier, maire de La Faute-sur-Mer de 1989 à 2014, et Françoise Babin, son ancienne adjointe à l'urbanisme, sont rejugés par la cour d'appel de Poitiers pour n'avoir pas informé les habitants de la commune des risques d'inondation et pour avoir délivré des permis de construire irréguliers pour des maisons de plain-pied qui auraient dû comporter un étage.


"Rendre constructibles les prés à vaches"

Dès leur accession à la mairie en 1989, les deux prévenus ont voulu "rendre constructible ce qui ne l'était pas, les prés à vaches", dans la cuvette située en contrebas de la digue censée protéger les habitations de la montée de l'estuaire du Lay, a souligné d'une voix éraillée Me Lepage.
Dans la nuit du 27 au 28 février 2010, la majorité des 29 victimes de Xynthia avaient péri noyées dans leurs maisons sans étage, après la submersion de la digue.

"Comment on s'en sort quand survient une tragédie que l'on a créée? On invente des personnages, d'un maire et d'une adjointe totalement incompétents, qui ne savaient pas" et qui faisaient confiance à l'Etat pour les permis de construire, a souligné l'avocate des victimes.


Mais cette "thèse avancée, "on ignorait tout, on ne pouvait pas imaginer un tel drame ne tient pas", a martelé Corinne Lepage, citant plusieurs documents évoquant les risques d'inondation et de submersion marine de la commune, mais aussi les multiples réunions au cours desquelles les prévenus "n'ont pas cessé de contester les mesures de protection proposées".


Ne pas parler des risques

La municipalité "a délibérément choisi de taire la culture du risque, c'est-à-dire de ne pas informer et surtout de ne rien prévoir. L'objectif, c'était de ne pas parler des risques" pour ne pas faire fuir de futurs habitants, a estimé l'avocate de l'Avif.
Me Lepage s'en est particulièrement prise au comportement de l'ancien maire, qui a fait preuve d'une "totale indifférence, pour ne pas dire davantage, le jour de la tragédie".

En début de matinée, son confrère, Stéphane Rapin, qui défend neuf parties civiles, a évoqué "une attitude globalement cohérente des prévenus car ils laissent l'impression d'assister à ce procès comme si ce n'était pas le leur".

Les réquisitions du ministère public sont attendues mardi matin.
Mercredi, les avocats des prévenus entendent plaider à nouveau la relaxe de leurs clients et demander l'annulation du jugement du tribunal correctionnel pour "défaut d'impartialité".

Le reportage de Marie-Noëlle Missud, Francis Tabuteau et Thierry Cormerais :
Reportage de Marie-Noëlle Missud, Francis Tabuteau et Thierry Cormerais


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