Les professionnels de l’eSport contre la régulation des compétitions de jeux vidéo

C’était la bonne nouvelle l’année 2016 pour les gamers. Leur statut allait être reconnu par le gouvernement. Un an après, la désillusion n’en est que plus importante et des inquiétudes se font jour à l'occasion de la Gamers Assembly 2017 à Poitiers.

Stephan Euthine n’a pas goût à la fête. Le secrétaire général de l’association France eSport aborde la 18ème édition de la Gamers Assembly avec amertume, lassé après six mois de négociations avec le gouvernement.

Les décrets d’application de la loi sur la République numérique d'octobre 2016, censée réguler les compétitions de eSport et donner un statut aux professionnels du jeu vidéo, inquiètent ces mêmes professionnels. "La loi devait encadrer et aider au développement des sports vidéo-ludiques", rappelle Stéphan Euthine. "Mais elle risque de paralyser l’activité des clubs".

Lui-même président d’une équipe, la Team LDLC, il dénonce une régulation trop contraignante des contrats des gamers professionnels. "On demandait une forme de contrat d’auto-entrepreneur pour rémunérer nos joueurs. Au lieu de cela, le gouvernement a décidé de copier le modèle des contrats saisonniers des footballeurs", résume-t-il. "Pour obtenir l’agrément de la part de l’Etat, nous allons devoir engager un médecin, par exemple".

D’après lui, seul trois clubs, dont le sien, auraient les épaules assez solides pour supporter ces nouvelles normes. "Mais beaucoup de clubs devront délocaliser leur siège social ou baser leurs joueurs à l’étranger… La loi nous impose de nouvelles charges, 60% de plus que dans n’importe quel autre pays." A ce prix-là, les clubs professionnels ne pourraient pas faire face à la concurrence internationale. "Dans notre sport, les talents n'ont pas de frontières : vous pouvez vivre en France et travailler pour une équipe américaine. Et les gamers se donnent aux plus offrants."

Autre point d’achoppement entre les professionnels du jeu vidéo et le gouvernement, l’organisation de compétition en ligne reste théoriquement illégale. "La peur du jeu d’argent a remplacé le discours sur l’addiction", déplore Désiré Kousawo, président d’honneur de l’association Futurolan, qui organise la Gamers Assembly.

Selon le secrétaire général de l’association France eSport, Stéphan Euthine, le jeu vidéo est victime d’une guerre des ministères. "Nous avions commencé à travailler avec Bercy. Cela se passait très bien… Mais l’Intérieur reprend la main." Discrets jusqu’ici, les professionnels souhaitent désormais porter le fer publiquement avec le gouvernement.



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