Pour la troisième journée de manifestations contre la réforme des retraites, plusieurs manifestations ont eu lieu ce mardi 7 février, à Poitiers, Châtellerault, La Rochelle, Angoulême et Niort. Dans les cortèges, manifestantes et manifestants s'opposent au départ à 64 ans, et à la manière dont le projet de loi est débattu à l'Assemblée nationale.
Le début des vacances scolaires a, peut-être un peu, clairsemé les rangs en Poitou-Charentes, sans pour autant éteindre le mouvement, ni la colère des manifestantes et manifestants.
À Poitiers, ils étaient 10.000 selon les syndicats, et 4.400 d'après la police. Dès 14 heures, la foule a défilé du stade de la Madeleine jusqu'à l'Hôtel de Ville.
Pour certains manifestants poitevins, il était hors de question d'être privé de manifestation pour garder les enfants à la maison : "après deux journées où il y a eu pas mal de monde, il faut continuer, c'est important qu'on soit nombreux," affirme ce père de deux enfants. Il n'a pas eu trop de mal à les convaincre de l'accompagner dans le cortège : "ils ne voyaient ça qu'à la télé, ils voulaient venir voir une fois au moins pour voir comment c'est, voir l'ambiance, et puis pourquoi les gens manifestent."
Alors que depuis lundi, l'examen de la réforme des retraites a débuté à l'Assemblée nationale, les participants aux rassemblements poursuivent leur action, et témoignent de leur quotidien comme de leurs inquiétudes pour l'avenir. "Je ne me vois pas travailler jusqu'à 64 ans," confie cet animateur de cirque qui fait un travail physique au quotidien. "Je vois beaucoup de collègues qui ont déjà la cinquantaine et qui commencent à changer de métier. Moi, je n'ai pas envie de changer de métier."
Une réforme jugée injuste
Julie Millot, enseignante, est venue manifester à Poitiers, habillée en Rosie la riveteuse, icône populaire du combat des ouvrières américaines. Pour elle, la réforme ne résoudra pas les problèmes d'inégalités entre les femmes et les femmes, au travail comme à la retraite : "c'est comme si on regardait dans un rétroviseur par rapport à sa vie professionnelle," explique-t-elle, "comme on sait déjà que les femmes sont moins bien payées que les hommes, qu'elles ont des temps partiels imposés, des carrières incomplètes, des enfants, etc. tout ce qu'elles subissent, ça se retrouve à la retraite. C'est déjà le cas aujourd'hui, et ce qui va se passer avec la réforme, ce sera pire, quoi qu'ils en disent."
À Châtellerault, dès ce mardi matin, la CGT revendique 2.500 manifestantes et manifestants. Dans le cortège, moins important qu'il y a une semaine, la colère reste vive. "Ça ne passe plus, tout simplement", martèle ce retraité, venu montrer sa solidarité, "ce n'est pas qu'une question d'âge, c'est une question de condition aussi, c'est indigne." Il dénonce également "le montant" de la retraite, ainsi que "le fait que ce sont toujours les mêmes qui sont mis à contribution."
Plus de 30.000 personnes en Poitou-Charentes
Outre Poitiers et Châtellerault, de nombreuses communes ont accueilli des manifestations, comme Montmorillon dans la Vienne, Angoulême en Charente, La Rochelle, Saintes et Rochefort en Charente-Maritime, ou encore Niort dans les Deux-Sèvres.
C'est à La Rochelle que la police a enregistré la plus forte participation avec 5.100 manifestants et manifestantes ce matin. En Charente, 4.800 personnes ont défilé dans les rues d'Angoulême, et dans les Deux-Sèvres, 3.900 Niortaises et Niortais ont répondu à l'appel.