Dans "Les sacrifiés" (Denoël), la romancière Sylvie Le Bihan raconte l'histoire de Juan, jeune cuisinier andalou parti au service d'un célèbre torero. Il se retrouve pris dans la grande fresque de l'histoire, lorsqu'au début de l'année 1939, les Républicains espagnols sont contraints de fuir leur pays pour la France.
Quand l'épopée intime d'un jeune cuisinier andalou rencontre la grande fresque historique de l'Espagne des années 30... Les sacrifiés (Denoël) de Sylvie Le Bihan, en lice pour le prix Renaudot des Lycéens remis à Loudun le 15 novembre prochain, relève le défi dans un foisonnement de personnages, certains réels, ayant marqué le tourbillon de l'histoire.
Lorsque le jeune Juan entre au service du grand torero, Ignacio Sánchez Mejías, dans les années 1920, il tombe sous le charme de sa maîtresse, Encarnación, une danseuse de flamenco flamboyante et déjà follement amoureuse. A ses côtés, il fait la connaissance du poète Federico García Lorca dont il deviendra l'ami et tentera de sauver la vie lorsque les Républicains devront fuir les exactions des hommes de Franco.
La fin du rêve républicain
Au cœur de ce quatuor, embarqué dans l'ambiance des folles années 30 espagnoles, celles du rêve d'une République, le jeune homme, pris entre la fidélité qu'il doit à son maître, la tendresse qu'il ressent pour sa femme esseulée et ses propres sentiments bouillonnants, se retrouve très vite tiraillé par des choix dictés par l'histoire. Sa fuite à travers les Pyrénées dans un groupe emmené par Manuel Azaña, le président en fuite de la République espagnole. Sa participation à l'effort de guerre lorsque la France, via Jean Moulin, fait passer des armes aux combattants républicains.
Sylvie Le Bihan construit une grande fresque enlevée et vibrante, particulièrement convaincante lorsqu'elle suit les atermoiements du jeune Juan, si timide et hésitant à dévoiler ses sentiments mais laisse parfois le lecteur sur sa faim lorsque le récit se concentre sur les faits historiques, relatés certes avec la fluidité d'une brillante conteuse, mais sans parvenir à totalement se démarquer de la leçon d'Histoire.