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REPLAY. Sécheresse, agriculture, irrigation : débat sur la gestion des usages de l'eau

Avec les changements climatiques, le manque d’eau peut avoir des conséquences redoutables.

En ce début du mois de novembre, les restrictions sur les usages de l’eau sont à peine en train de s’assouplir. Canicule, sécheresse, l’été 2022 fut celui de tous les records et le marqueur du changement climatique. L'eau est-elle une ressource en or ? C'est le thème de ce numéro de Disputandum, votre émission débat sur 3.NoA

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Parmi ces tendances lourdes, le manque d’eau peut avoir des conséquences redoutables : menace sur l’eau potable, atteinte de la biodiversité, risques économiques, bouleversements des pratiques agricoles, limitation de nos loisirs.

Et c’est à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, que la question de l’eau soulève les passions. Le chantier de construction d’une mégabassine destiné à permettre l’irrigation des cultures agricoles en période estivale et de sécheresse, fait l’objet depuis deux semaines de manifestations d’opposition.

Réserve d’irrigation pour les paysans, mégabassine pour les opposants, ce chantier ressemblant un grand cratère recouvert de bâches en plastiques, suscite la division.

► Pour débattre de ce sujet, sur le plateau de Disputandum, Marie-Ange Cristofari reçoit : 

  • Alain Dupuy, professeur en hydrogéologie quantitative à l'Institut National Polytechnique de Bordeaux,
  • Olivier Raynard, directeur de la délégation régionale Poitou Limousin de l’agence de l’eau Loire-Bretagne
  • Yann Sellier, Responsable scientifique biodiversité climat à la réserve naturelle du Pinail,
  • Christelle Chassagne, présidente du comité régional du tourisme de Nouvelle Aquitaine

La fonction des réserves d’irrigation

En cas de sécheresse, comme cet été, ces réserves permettent d’assurer un rendement d’eau en la puisant dans les nappes phréatiques peu profondes en hiver. L’irrigation des cultures est ainsi assurée. Mais pour ses opposants, ces mégabassines alimentent un système agricole trop gourmand en eau et constituent un risque majeur pour l’environnement.

Selon Olivier Raynard, directeur de la délégation régionale Poitou Limousin de l’agence de l’eau Loire-Bretagne, "ces réserves mises en place sur le territoire constituent une solution mais pas LA solution. L’idée est d’avoir un mixe de solutions. Il y a la sobriété, les économies d’eau déjà mise en place dans le monde agricole. Mais il y a aussi la nécessité d’adapter la question du système agricole aux conditions climatiques et de cultiver différemment, avec des variétés différentes de plantes."

Si les changements dans les systèmes de production pour réduire les besoins d’irrigation et pour parvenir à un meilleur équilibre avec le climat tel qu’il évolue semblent indispensables, il s’agit d’abord "d’instaurer le dialogue et de repenser les échanges" selon Alain Dupuy, professeur en hydrogéologie quantitative à l'Institut National Polytechnique de Bordeaux.

Plus de pédagogie entre les citoyens et les institutions, plus de transparence aussi. Car malgré les études menées sur les conséquences environnementales de ces réserves, beaucoup d’incertitudes persistent.

"Dans un monde où il va y avoir de moins en moins d’eau et de fortes températures, est-ce qu’il est pertinent d’aller vers des cultures qui ont toujours besoin de plus d’eau ?", interroge Yann Sellier, responsable scientifique biodiversité climat à la réserve naturelle du Pinail. Et de poursuivre "dans ce changement global et inconfortable on se raccroche toujours à un modèle sur lequel on s’est construit mais il s’agit de s’orienter vers la sobriété et des changements de techniques. Ces cultures gourmandes en eau servent souvent à nourrir des animaux alors que nous connaissons notre besoin de moins de viande pour avoir un moindre impact carbone."

Le 23 octobre, au cours d’une manifestation à Poitiers, des collectifs avaient envoyé leurs factures d’eau dans la cour de la préfecture, marquant ainsi leur désaccord avec la gestion de l’eau. Preuve que les citoyens s’emparent de plus en plus de ces questions complexes.

Une économie... de l'eau

"C’est une préoccupation de la clientèle touristique qui a dû faire face cet été à la canicule", affirme Christelle Chassagne, présidente du comité régional du tourisme de Nouvelle Aquitaine. "La clientèle touristique est très attentive à cette question et les professionnels sont engagés depuis bien longtemps sur le thème de l’eau. La fédération des hébergements de plein air agit depuis plus de 30 ans pour utiliser moins d’eau, notamment pour la partie sanitaire et mobil-homes. Cette gestion permet de dégager 30 à 40% de marge sur les grosses structures."

Les touristes se tournent de plus vers la visite de zones reculées et les parcs naturels mais, "en tant qu’agence de communication et de promotion du tourisme, c’est à nous  de faire de la pédagogie pour enseigner à nos visiteurs la priorité de la préservation de l’environnement et conserver les bonnes pratiques", poursuit Christelle Chassagne.

Et si la polémique des réserves ou "mégabassines" était l’occasion de discuter d’une transition vers plus d’agro-écologie, vers un respect de la biodiversité et vers une meilleure attention à la qualité de l’eau ? Là réside peut-être l’enjeu déterminant pour préserver cette ressource en or pour les futures générations.  

► Retrouvez les débats de Disputandum sur .3NoA et sur France.Tv

 

 

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