Le bilan s'alourdit au lendemain des heurts entre manifestants anti-bassines et forces de l’ordre dans les Deux-Sèvres

Au moins une cinquantaine de blessés ont été recensés suite à l'opposition entre gendarmes et manifestants venus dénoncer le projet de construction de réserves d'eau de substitution à Sainte-Soline. Malgré les blessés et 6 interpellations, le collectif "Bassines non merci" considère la mobilisation comme une victoire et prépare celle du 30 octobre.

Ils étaient entre 3 000 et 4 000 opposants au projet de réserves de substitution à Sainte-Soline selon le procureur de la République de Niort, malgré l’interdiction de la manifestation par la préfète des Deux-Sèvres. Les manifestants, eux, revendiquaient être 7 000. Pour l’occasion, 1 500 gendarmes accompagnés d’hélicoptères survolant la zone ont été dépêchés dans la zone. Dans l’après-midi du 29 octobre, la situation a dégénéré entre manifestants et forces de l’ordre, faisant au total au moins une cinquantaine de blessés et 6 interpellations.

Arrivés la veille, environ un millier de militants "anti-bassines" ont passé la nuit sur un campement organisé spécialement sur un champ prêté par un agriculteur. Venus en masse s’opposer au projet de 16 réserves de substitutions, les manifestants ont continué d’affluer toute la journée. Des élus et personnalités politiques étaient également présents sur les lieux tels que Philippe Poutou, Sandrine Rousseau, Lisa Belluco ou encore Benoît Biteau. "On a déjà du mal dans ce département à avoir de l’eau potable pour toute la population, les nappes phréatiques sont très abîmées et donc il faut une gestion de l’eau qui soit partagée. L’eau est un bien essentiel et là, en l’occurrence, on accapare les bassines pour une agriculture intensive, ce qui n’est pas possible", a réagi Sandrine Rousseau à la mi-journée.

Des blessés et des interpellations

Tout se déroulait dans le calme jusqu’à 14 heures, quand trois cortèges se sont lancés en direction de la symbolique "méga-bassine" pouvant contenir 240 000 litres d’eau puisés dans les nappes phréatiques, aussitôt réprimés par du gaz lacrymogène. Vers 15 heures, quand les grilles du chantier ont été forcées, les choses se sont envenimées. C’est alors que gendarmes et manifestants se sont opposés à coup de grenades de désencerclement pour les uns et de projectiles pour les autres. Les heurts se sont poursuivis pendant de longues minutes et ont même touché des élus, comme le relate France Bleu : "Des élus arborant leur écharpe tricolore ont été molestés, notamment la députée écologiste de la Vienne, Lisa Belluco, selon un photographe de l'AFP.

Vers 16 h 30, le calme est revenu sur la zone du chantier. Emmanuelle Dubée, la préfète des Deux-Sèvres a alors dressé un bilan provisoire : "Nous déplorons déjà cinq gendarmes blessés et on nous a signalé deux blessés parmi les manifestants." Plus tard dans la soirée du 29 octobre, par un communiqué, la préfecture a mis à jour son bilan. Selon la représentante de l’État dans les Deux-Sèvres, "61 gendarmes ont été blessés dont 22 sérieusement. Un gendarme a été évacué et pris en charge au centre hospitalier." Dans un communiqué, le procureur de la République de Niort parle, lui, de 22 gendarmes blessés, ce qui correspond à ceux que la préfète désigne comme "sérieusement" touchés.

Parmi les militants, Julien Le Guet, le porte-parole du collectif "Bassines Non Merci" a, lui aussi, été touché à la tête. Le collectif a, par ailleurs, dressé son propre bilan qui fait état de 50 blessés dont 5 hospitalisations. Parmi les plus graves, 3 personnes ont été touchées à la tête par des tirs de LBD, dont une mutilée au visage, selon les opposants.

"Nous constatons face aux forces de l'ordre de violents tirs de mortiers, des cocktails Molotov et des jets de projectiles divers, a enchaîné la préfète Emmanuelle Dubée. C'est bien une manifestation violente qui a pour but de commettre des infractions." Dans son communiqué, le procureur de la République de Niort, Julien Wattebled, a indiqué que 6 personnes interpellées étaient en garde à vue, un conducteur pour refus d’obtempérer et les cinq autres "pour participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destructions ou dégradations de biens."

Une "victoire" pour les opposants

Du côté des opposants, malgré les affrontements, on considère cette journée de mobilisation comme une victoire. "C'est une victoire, les trois cortèges sont arrivés sur zones. Ils ont subi beaucoup de violence mais ils sont allés jusqu'au bout. C'est un vrai signe, les gens sont prêts à faire face à la violence policière pour l'eau !", a réagi Julien Le Guet, le visage ensanglanté après que les choses se soient calmées.

Une position partagée dans les rangs des opposants. "Il y a du monde et c’est la masse qui va faire basculer les choses. Ça va faire jurisprudence, c’est un point de bascule, on va gagner", positive un militant se faisant appeler "La Pioche". Retournés à leur campement en fin d’après-midi, les manifestants célèbrent leur "victoire" et se préparent pour une deuxième journée de mobilisation, le lendemain.

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