La sécheresse ne laisse aucun répit à la végétation. Depuis l’entrée en vigueur de l’arrêté préfectoral, le 19 juillet dernier, restreignant l’utilisation de l’eau potable dans la Vienne, les terrains de sport de nombreuses collectivités ne sont plus arrosés. Les sols sont secs et l’herbe déshydratée. Certains clubs doivent toutefois continuer les entraînements.
L’herbe, jaunie, s'étend à perte de vue. Les terrains de foot de nombreuses communes ont changé de couleur et d’aspect depuis l’entrée en vigueur de l’arrêté préfectoral restreignant l’utilisation de l’eau potable le 19 juillet dernier. Depuis près d’un mois, les gazons n’ont plus reçu la moindre goutte d’eau. Le sol est aussi dur que du béton et quelques mottes d’herbe desséchées se maintiennent difficilement en surface. "C’est très difficile de jouer là-dessus, souligne Florent Bricault, président du club de foot de l’US l’Envigne, à Scorbé-Clairvaux. Les risques de blessures sont largement multipliés."
Modifier les entraînements
Pour les joueurs, la reprise est compliquée. Certains n’ont pas pratiqué depuis plus d’un mois. Ils n’imaginaient pas reprendre sur un sol aussi sec. "Il faut être extrêmement vigilants sur les articulations, les chevilles et les genoux", ajoute Florent Bricault. Alors l'entraîneur et le président du club adaptent les exercices. "On ne peut pas réduire le nombre d’entraînement, donc on essaye d’aller courir dans le bois derrière, pour commencer. Nous organisons quelques exercices de jeux réduits sur le city stade de la commune. Et on enlève les crampons sur le terrain, pour préserver ce qu’il reste d’herbe."
Plus tard dans la journée, Florent Bricault ira aussi acheter des plaques de gazon synthétiques. "Je vais mettre à disposition des joueurs 15, 20 mètres carrés de faux gazon pour la préparation physique. Parce que là, je défie quiconque de faire des abdos ou des pompes sur ce sol !"
Malheureusement, même si l’herbe est totalement déshydratée, les entraînements ne peuvent pas s’arrêter en attendant la pluie, quitte à abîmer le terrain jusqu’au point de non-retour. "La coupe de France démarre le 27 août, précise le président du club. Notre équipe de deuxième division départementale y participe." Pour le lancement de la compétition, l’US L’envigne doit d’ailleurs recevoir un club des Deux-Sèvres. Mais à l’heure actuelle, ils ne savent toujours pas si le terrain sera praticable.
Pour les joueurs, une certaine appréhension s’installe. Hugues est gardien de son équipe. S’il a l’habitude d’effectuer des plongeons pour récupérer les balles, le sol rêche le laisse perplexe. "Je réfléchis un peu plus avant de me jeter par terre, réagit le joueur. Ce n’est pas agréable du tout de se frotter sur l’herbe sèche." Pour autant, l’équipe continuera à s’entraîner, pelouse verte ou pas. En prenant le risque d’avoir un terrain impraticable l’hiver prochain.
Des coûts financiers conséquents
"Dans ces conditions, il vaut mieux arrêter d’utiliser les terrains, affirme Pierre Bouchet, paysagiste. L’herbe a encore des chances de repousser si elle n’est pas piétinée." À Lencloître, la mairie a donc décidé d’arrêter tous les entraînements sur son stade jusqu’à nouvel ordre. Une décision radicale, qui permettra peut-être à la collectivité d’économiser plusieurs milliers d’euros. "Si le terrain est vraiment abîmé, il est possible de faire un regarnissage à l’automne et de ne refaire qu’une partie du gazon en préparant correctement le sol", explique Pierre Bouchet. Mais dans certains cas, tout sera à refaire.
Regazonner un terrain coûte entre 5 et 7 euros du mètre carré. "Il faut compter entre 55.000 et 65.000 euros pour refaire un stade", confirme le paysagiste. Surtout, le terrain doit être laissé au repos. "Une fois le gazon planté il faut attendre au moins six mois, voire un an… c’est long", avoue Christophe Ferron, responsable technique du stade de Scorbé-Clairvaux. Pour le moment, la seule option est de préserver ce qu’il reste de végétation en éliminant les mauvaises herbes et attendre la pluie. En espérant que l’herbe retrouvera une partie de son envergure l’hiver prochain.
Reportage de Sarah Marty et Sophie Hériaud