L'ONU a récemment mis en garde contre une hausse de la résistance des bactéries aux antibiotiques. Elle constituerait une menace sanitaire majeure. Une conférence ce soir à l'université de Poitiers est consacrée à "la revanche des bactéries".
"Les antibiotiques, c'est pas automatique!" Le message derrière cette campagne d'information de santé publique invitait les Français à ne pas surconsommer d'antibiotiques. Tout simplement car les autorités sanitaires prenaient progressivement conscience que les bactéries développaient d'inquiétantes résistances aux médicaments.
Il y a quelques mois, "l'ONU mettait la planète en garde : la résistance aux antibiotiques atteint des niveaux dangereusement élevés partout dans le monde", indique l'université de Poitiers dans un communiqué de presse invitant à une conférence donnée par Julien Verdon, maître de conférences en biologie, mardi 5 juin à 19h sur le campus.
Rencontre
France 3 : Votre conférence est intitulée "Résistance aux antibiotiques : la revanche des bactéries", de quoi est-il question au juste ?
Julien Verdon : On souhaite rappeler au grand public les dangers de l'utilisation massive des antibiotiques et l'utilisation mal contrôlée des antibiotiques. On veut montrer que l'on a affaire à quelque chose de dynamique. Les bactéries, ce sont des êtres vivants, elles évoluent, elles s'adaptent! On veut marquer le fait qu'elles sont en train de prendre leur "revanche". 'On a essayé de s'en débarrasser et là, elles reviennent un peu plus fortes.'
Comment les bactéries deviennent-elles résistantes aux antibiotiques ?
JV : Il y a deux mécanismes principaux. Le premier, de manière spontanée. Lorsque la bactérie se multiplie, il peut se produire une mutation, et, si cette mutation tombe sur un élément important de l'action des antibiotiques, la bactérie devient résistante et transfère cette mutation à sa descendance. Le deuxième mécanisme est l'acquisition d'éléments présents dans l'environnement, donc des gènes, de résitance aux antibiotiques et elles les incorporent, les gardent et les transmettent à leur descendance, voire même à d'autres bactéries, d'autres espèces.
On utilise des antibiotiques pour les détruire et elles, pour survivre, développent aussi des dispositifs, c'est ça ?
JV : C'est exactement ça. C'est une lutte. On essaie de s'en débarrasser, de la partie des bactéries qui est pathogène, car la majorité des bactéries n'est pas pathogène. Elles mettent en place des moyens pour lutter contres ces antibiotiques. Et le fait qu'elles se multiplient beaucoup plus vite que nous fait que les mécanismes de résistance apparaissent assez rapidement.
Quel est l'objet de vos recherches à l'université de Poitiers ?
JV : On travaille sur des molécules qui pourraient représenter des alternatives aux antibiotiques, c'est l'une des pistes de recherche, on les appelle les peptides antimicrobiens qui sont des molécules naturelles produites par tous les êtres vivants et pour lesquelles les bactéries ont plus de mal à mettre en place des mécanismes de résistance au vu de l'activité particulière de ces molécules. C'est l'un des sujets de recherche.