Le parquet de Poitiers a ouvert une enquête, hier, à la suite de la publication par Mediapart d'un selfie d'une serveuse poitevine en compagnie d'Alexandre Benalla, brandissant une arme. La jeune femme et son père ont été entendus au commissariat de police, ce mercredi.
Laura, la serveuse du restaurant "Les Archives" photographiée à côté d'un Alexandre Benalla armé, et son père ont été convoqués, ce mercredi, au commissariat à la suite de l'ouverture par d'une enquête préliminaire par le parquet de Poitiers.
Le père de famille, Christophe, indique n'avoir fait le lien entre les selfies faits par sa fille et l'affaire Benalla qu'après la publication de la photo par Mediapart : "Je trouvais ça déjà inadmissible à l'époque que ma fille me dise que quelqu'un avait sorti une arme. Mais, je ne savais pas du tout que ce revolver était déposé derrière sa tête !" s'est-il ému au micro de France 3 Poitou-Charentes.
Il indique avoir déposé une main courante car sa fille était mineure au moment des faits : "Si ce Monsieur est capable de faire un selfie en compagnie ma fille avec une arme, je me dis : 'Mais de quoi d'autre est-il capable ?'" s'exclame le père.Mediapart avait, ce lundi, battu en brèche la défense de l’ex-collaborateur de l’Élysée, en exhumant un selfie où Alexandre Benalla pose avec une arme à feu en compagnie d’une jeune serveuse et de deux membres du service de sécurité d'Emmanuel Macron. La jeune femme a témoigné sur le site, ce mercredi :
Ce soir, à voir sur @MediapartLive, le témoignage inédit de Laura, la serveuse sur laquelle Benalla a pointé son arme. https://t.co/znDaWGPaqO
— Faïza Zerouala (@faizaz) 26 septembre 2018
Les enjeux de l'enquête
Le "directeur de la sûreté et de la sécurité" d’En Marche! durant la présidentielle 2017 avait assuré au Monde avoir fait la demande "d’acquérir et de détenir des armes dans le QG" du parti le temps de la campagne. La préfecture de police lui aurait donné "l’autorisation de détenir des armes, des Glock 17 de mémoire, mais dans le QG uniquement", précise-t-il."N’êtes-vous jamais sorti avec ?" insistent alors les journalistes du quotidien du soir. Réponse sans équivoque de l'intéressé : "Non, jamais. On n’est pas mabouls, il y a un risque pour la réputation du candidat…"
Or, la publication par Mediapart du selfie d'Alexandre Benalla avec la jeune serveuse poitevine semble indiquer le contraire.Dans la nuit du 27 avril 2018, après un meeting d’Emmanuel Macron à Châtellerault, ce proche du candidat brandit fièrement ce qui semble être un Glock.
L’enquête a déterminé qu'Alexandre Benalla n’a obtenu un port d’armes que le 13 octobre 2017, soit près de six mois après que cette photo a été prise. Le procureur de la République de Poitiers a confié à la Sûreté départementale le soin d'éclaircir les événements survenus lors de cette soirée de campagne.En pleine présidentielle, Benalla dégaine son arme pour un selfie. Mediapart révèle une photo complètement folle, prise en avril 2017 dans l'entre-deux tours de l'élection. https://t.co/tvIoxH0GW4
— Fabrice Arfi (@fabricearfi) 24 septembre 2018