"On se sent insultés, un très mauvais signal" : la disparition du ministère dédié à l'enfance fait réagir

"Qui portera désormais la voix des plus vulnérables" ? Suite à la disparition du ministère de l'Enfance de la composition du nouveau gouvernement, une association marseillaise se lance dans la bataille, indignée par une décision qui menace, selon elle, des milliers d'enfants déjà fragilisés.

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"On se sent insultés" : l'absence de ministère à l'Enfance dans le nouveau gouvernement Bayrou a fait l'effet d'une douche froide pour Hamza Bensatem, le jeune président de l'association ADEPAPE 13, qui porte depuis quelques années la voix des enfants placés dans le département des Bouches-du-Rhône. Ces derniers jours, Hamza Bensatem s'active pour alerter sur la gravité d'une telle décision, qui "met en danger des milliers d'enfants déjà fragilisés" et dont le chef de l'État "ne semble pas mesurer les répercussions".

Contradiction entre actes et discours

À plusieurs occasions pourtant, le président de l'ADEPAPE avait sensibilisé Emmanuel Macron sur la situation des 8000 enfants placés dans le département, le chef de l'État s'étant montré "à l'écoute, réceptif, maîtrisant le sujet". Il rappelle d'ailleurs que le président de la République avait déclaré le 20 avril 2022, dans le cadre du débat présidentiel, qu’il ferait de la protection de l’enfance l’enjeu majeur de son quinquennat. "Comment a-t-on pu ainsi basculer pour aujourd'hui nous mettre une gifle ?", s'interroge Hamza Bensatem.

"L’Aide sociale à l’enfance (ASE) est en crise, il y a des dysfonctionnements", reconnaissait par ailleurs le 21 octobre 2024, Agnès Canayer, alors ministre déléguée chargée de la Famille et de la Petite enfance, prise dans la tourmente médiatique tandis que 18 personnes étaient jugées pour maltraitance d’enfants mineurs placés, dans l’Indre, la Creuse et la Haute-Vienne. Une contradiction de plus, selon le président de l'ADEPAPE 13, qui précise que l'"on est en train de bâcler l'avenir de 350 000 enfants placés en France".

"Un très mauvais signal"

L'absence de ministère dédié envoie, selon lui, "un très mauvais signal aux enfants comme aux professionnels qui souffrent d'une absence de reconnaissance de leurs missions". A fortiori dans une période où "le nombre d'accouchements sous X et de pupilles de l'État est en augmentation", face à la conjoncture économique et à l’augmentation des violences intrafamiliales.

Tous les jours , Noël compris, je reçois des appels de détresse d'enfants placés qui ne se sentent pas bien, pas écoutés, ballotés d'un foyer vers un autre. Partout des cris d'alarme sur des faits graves.

Hamza Bensatem, 26 ans, ancien enfant placé

France 3 Provence-Alpes

"C'est une tragédie silencieuse", s'indigne ce responsable associatif, qui remue ciel et terre, à coups de lettres, envoyées à l'Élysée, à Emmanuel Macron, au premier ministre François Bayrou, tout comme aux anciens secrétaires d'État ou actuels députés. 

Il n'a pas été le seul à réagir à travers le pays, une vingtaine d'associations pour les droits des enfants se sont inquiétées de la non-reconduction d'un ou d'une ministre chargée de la protection des plus jeunes. En guise de réponse, Emmanuel Macron a annoncé, samedi 28 décembre, la création d'un haut-commissariat à l'Enfance dès janvier, réaffirmant que la protection de l'enfance reste l’une de ses préoccupations.

Un haut commissariat n'a aucune portée politique, pas de budget ni visibilité médiatique.

Hamza Bensatem, président de l'ADEPAPE 13

France 3 Provence-Alpes

"Il aura des moyens d'agir et il travaillera en lien étroit avec la ministre de la Santé", assure-t-on au ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles. "Ce haut-commissariat sera inutile pour une cause aussi importante", répond Hamza Bensatem, demandant au gouvernement de revoir sa copie et de nommer un ministre dans les meilleurs délais. Depuis l'annonce de la composition du gouvernement, il se dit "scotché" mais ne désespère pas. "On est toujours en bas de la liste des ministères, alors j'attendais, et je n'ai rien entendu" rapporte le responsable associatif, "j’ai tout de suite été voir sur le site de l'Élysée et non rien, je n'y croyais pas, c'était une claque", avant de conclure : "Il est encore temps de reconsidérer la question".

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