Fondée en 1850, la fabrication artisanale de tamis a été reprise, il y a quelques mois, par Florian Houdmon. La manufacture d'armes de Châtellerault abrite l'une des plus anciennes entreprises du département et la seule dans son genre en France.
L'entreprise "La Tamiserie" voit le jour à Poitiers, dans la Grand-rue, durant la moitié du XIXe siècle. Au fil des décennies, elle déménagera dans plusieurs villes de la Vienne, comme Saint-Julien-l'Ars, Chauvigny ou encore Cubord. Depuis quelques mois, Florian Houdmon a repris cette activité, désormais installée à la Manufacture de Châtellerault.
"J'ai eu besoin de revenir vers l'atelier, le travail manuel"
Hormis une perceuse et une ponceuse, qui sont les seules entorses électriques à la fabrication, Florian Houdmon perpétue les gestes des tamiseurs. C'est une pratique encore toute neuve pour lui, après une carrière dans la communication, mais également en tant qu'infographiste. "Tous les gestes sont restés à l'ancienne. C'est peut-être être cela qui fait la différence entre mes tamis et les tamis industriels, réputés pour être moins solides. Je travaillai assis et j'avais l'impression d'avoir fait le tour. J'avais besoin de retrouver une position debout."
Autrefois ébéniste, il n'a jamais vraiment pratiqué dans ce domaine. Florian s'est donc lancé dans cette nouvelle aventure : "arrivé à la cinquantaine, j'ai eu besoin de revenir vers l'atelier, le travail manuel, le travail du bois, qui est un matériau que j'apprécie particulièrement. L'opportunité de la tamiserie s'est présentée : j'ai dû donc reprendre l'entreprise, ce qui apporte un certain nombre d'avantages. C'était la bonne opportunité au bon moment."
Mais à quoi servent les tamis ? Cet outil sert à tamiser, c'est-à-dire passer une substance pour en séparer certains éléments à l'aide d'une grille de maillage. Mais chaque ouverture de mailles a sa spécificité, selon Florian Houdmon. "Certains tamis servent uniquement aux céramistes, d'autres mailles plus ouvertes vont servir dans le domaine agricole, comme le blé. On trouve des toiles plus fines qui vont servir pour se débarrasser du dépôt du miel, voire filtrer du liquide." Au total, la Tamiserie propose 25 tamis différents avec des ouvertures de mailles plus ou moins grosses.
"L'intérêt de ces tamis, c'est qu'ils sont locaux"
Sans son désir de reconversion, l'unique tamiserie de France allait s'éteindre, laissant orphelins tout un tas d'usagers. C'est le cas de Françoise Morteuil, référente dans le nord de la Vienne pour l'association "Cultivons la biodiversité". Elle avait besoin de remplacer ses vieux tamis et a trouvé, avec ses tamis artisanaux, les finitions idéales.
"Je suis en train de trier mes graines, qui sont des graines de chicorée, qui vont venir cet hiver et qu’il faut semer maintenant. J'essaye de trouver une graine à peu près homogène et ne pas avoir trop de déchets, raconte-t-elle. L'intérêt de ces tamis, c'est qu'ils sont locaux. Pour nos critères de choix d'achat, cela compte. Parce que des tamis, on peut en acheter sur des sites chinois qui ne vont pas durer. Ils sont de grande qualité, mais ils sont fragiles, il faut en prendre soin."
Le prix plancher, pour un tamis sorti tout droit de cette entreprise, est de 25 euros. Cela peut aller jusqu'à plus d'une centaine d'euros suivant la dimension et les options choisies. Environ 3 000 tamis sortent de cet atelier chaque année. L'artisan Florian Houdmon est un peu moins bien payé qu'avant, mais il a revu ses priorités. "C'est un beau projet que d'allier la technique, le savoir-faire et le travail manuel. Je suis heureux."