Témoignage. Monique, 73 ans, bénévole : "Je ne fais pas ça pour passer le temps. Cette mission donne du sens à ce que j’ai vécu".

Publié le Écrit par Juliette Pommier
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En France, près d’une personne sur quatre est bénévole. Culture, sport, projet humanitaire ou éducatif, loisirs. À Poitiers, il existe ainsi près de 3 000 associations. En cette journée mondiale des bénévoles, trois d'entre eux racontent leur parcours et leur engagement pour France 3.

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Comme près d’un Français sur quatre, Monique Hérigault est bénévole. Depuis près de trente ans, elle est présidente de l’association 'Alcool écoute joie et santé' de la Vienne, qui vient en aide aux personnes alcooliques. “Avant de devenir membre, j’ai fréquenté l’association en tant qu’alcoolique pendant deux ans.” En 1996, elle entame une cure de désintoxication. “Faire partie d’Alcool écoute joie et santé m’a permis de comprendre que je n’étais pas seule et que je pouvais m’en sortir”, confie la désormais retraitée.

Aujourd’hui âgée de 73 ans, elle consacre une grande partie de son temps à animer les permanences et les rencontres en structure hospitalière. “Tous les quinze jours, nous animons une réunion au sein du centre hospitalier Henri Laborit, à la rencontre de personnes malades.” Au sein de l’association, Monique Hérigault a forgé de solides amitiés et ressent un profond sentiment de reconnaissance envers ceux qui l’y ont aidée à surmonter son addiction. “Je ne fais pas ça pour passer le temps. Cette mission donne du sens à ce que j’ai vécu, raconte la retraitée. Je n’ai pas de résultats chiffrés sur nos actions, mais chaque année des personnes que j’ai aidées reviennent en tant que bénévoles. C’est valorisant.”

Avoir du temps

Mais cet engagement peut être pesant. “Je vieillis et cette charge de travail peut parfois être lourde. Et en même temps, je dois tellement à cette association !” Être bénévole demande du temps. Agnès Chauveau, 58 ans, a attendu des années avant de devenir visiteuse de prison. “J’avais cette idée en tête depuis très longtemps, mais mes horaires de travail n’étaient pas compatibles avec cet engagement, relate la présidente de l’association ANVP Poitiers-Vivonne des visiteurs de prison. Aujourd’hui, je suis indépendante, je peux organiser mon emploi du temps comme je le souhaite.”

Bénévole de l’ANVP depuis six ans, Agnès Chauveau se rend deux fois par semaine au centre pénitentiaire de Poitiers-Vivonne. Chaque visite dure une heure. “Nous parlons de sujets très variés : une recette de cuisine, les résultats du dernier match de football, la vie en prison et tous les stress qu’elle peut engendrer, la lecture du moment, nos passions…” Des échanges “uniques et très riches”, qui donne à la bénévole “le sentiment d’être utile”. “Le contexte contraint de cette relation humaine lui donne une saveur toute particulière : ce sont des moments d’une profondeur que l’on ne retrouve pas ailleurs.”

"Beaucoup de gens ne comprennent pas notre engagement auprès des détenus"

Dans 90 à 95 % des cas, les détenus qui font appel aux visiteurs de prison ne reçoivent aucune visite de leur entourage. Les services pénitentiaires n’informent jamais les visiteurs des peines des détenus qu’ils rencontrent. Libre à eux d’en parler ou non. “Beaucoup de gens ne comprennent pas notre engagement auprès des détenus, explique Agnès Chauveau. Parfois, pour les provoquer, je leur dis que notre action ne sert à rien. Si j’arrête d’être visiteuse de prison, ça ne changera rien, sauf pour les personnes qui se trouvent derrière les murs.”

Si nombre de bénévoles sont retraités, d’autres arrivent à cumuler temps associatif et études. C’est le cas de Laura Pereira Diogo, 22 ans, cofondatrice de Stop Fisha, une association de lutte contre le cyberharcèlement sexiste et sexuel et à caractère discriminant. “Mon activité bénévole est souvent un temps plein, mais c’est vraiment une revanche sur la vie !”, s’enthousiasme la jeune femme. Lorsqu’elle était au lycée, Laura Pereira Diogo a été victime de cyberviolence, suite à la diffusion d’une photo dénudée sur internet. “Je suis arrivée dans Stop Fisha en ayant déjà un bagage sur le sujet.”

Ancienne référente harcèlement de son établissement scolaire, elle s’occupe aujourd’hui du volet sensibilisation de l’association. “Nous intervenons en milieu scolaire, mais pas que : également auprès des parents, des professionnels du secteur associatif, des animateurs de maison de quartier…” Rejoindre Stop Fisha lui a permis de “mieux connaître les enjeux” autour du cyberharcèlement, et de partager son trauma avec sa famille. “En partageant mon expérience, avec mes proches, avec d’autres victimes, je vois aussi des résultats.” L’association a notamment participé à des débats sur le numérique et le harcèlement au Parlement européen. “La honte change de camp.”

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